La dernière nuit du Raïs de Yasmina Khadra
Eds Julliard (2015)
On est le 19 octobre 2011, le dictateur seul se tient sur la terrasse d'une école désaffectée, à Syrte, en Lybie. Au milieu des explosions et des cris des opposants, il se remémore ce qui l'a conduit de son vld natal au palais et aux honneurs et se questionne, chose étrange, sur son avenir.
Mon Avis : J'ai jusqu'alors lu avec enthousiasme les romans
de Yasmina Khadra, avec un petit bémol pour "Les anges meurent de nos
blessures" paru en 2013. Pourtant celui-ci, qui reçoit les éloges de la
presse et des lecteurs, ne m'a absolument pas convaincu.
L'auteur a écrit ce roman à la première personne, donnant la
parole à Khadafi, exprimant ses sensations, et ses "sentiments" au
cours de cette interminable nuit qui voit la fin de son règne sanglant.
Le « je » rends bien le sadisme et la mégalomanie de ce fou
qui a le sang de milliers de gens sur les mains. Je n'ai été ni étonnée, ni
choquée, par l'absence de remord. Je n'en attendais pas de la part d'un
dictateur. Staline ou Pol Pot ont-ils eu des remords ?
Tout au long du roman l'auteur ne nous épargne ni le sang,
ni les larmes de ceux qui ont suivi Kadhafi jusqu'au bout et qui seront pris
avec lui.
Il n'y a pour le lecteur aucun suspens ( c'est la loi du
genre) et ce qui se passe dans la tête de Khadafi durant cette nuit est très
répétitif. Souvenirs/mauvaises nouvelles du front/ souvenirs/ mauvaises
nouvelles etc.
Là où Khadra passe à côté de l'essentiel c'est qu'en es
cantonnant à la vision de Khadafi, il nous prive de toute analyse.
Quand le dictateur se demande "Ai-je été injuste avec
mon peuple ?"Ce n'est pas pour se repentir mais pour constater qu'il fut
trop laxiste, trop bon.Et en cela il est entretenu par ses subalternes par
couardise ou par fidélité ? Je cite: " Non, s'écrie l'ordonnance. Jamais,
au grand jamais notre pays ne connaîtrait guide mieux éclairé que vos, père
plus tendre. Nous n'étions que des nomades poussiéreux qu'un roi fainéant
prenait pour un paillasson et vous avez fait de nous un peuple libre que l'on
envie. »
Le plus intéressant est lorsque le dictateur évoque son
enfance, diagnostique les premiers signes de sa folie. Fier de ce qu'il est
devenu alors qu'il n'était qu'un « Bédouin » pauvre et illettré, il se révèle
revanchard, concupiscent, colérique, ne souffrant pas la contradiction. Un
tyran qui se convainc lui-même du bien-fondé de ses actions, en les justifiant
…
« Que me reproche-t-on d'autre ? La tuerie de la prison
d'Abou Salim ? Je n'ai fait que débarrasser notre nation d'une effroyable
vermine, d'un ramassis d'illuminés à vocation terroriste. Les mutins menaçaient
la stabilité du pays. […] L'Algérie a basculé dans l'horreur la nuit où des
milliers de détenus se sont échappés du bagne de Lambèse. On connaît la suite :
une décennie de terreur et de massacres. Je refusais que mon pays subisse le
même sort. »
Il meurt sans procès sous les coups de son peuple.
« J'ai exigé de la mort ce que la vie menace de me prendre :
mon honneur, ma légitimité de souverain, mon courage d'homme libre. J'étais
prêt à mourir en héros pour que ma légende soit sauve. » Elle ne lui survivra pas.
Biographie : Sa trilogie Les Hirondelles de Kaboul,
L'Attentat et Les Sirènes de Bagdad a largement contribué à sa renommée. La
plupart de ses romans, dont À quoi rêvent les loups, L'Écrivain et Cousine K,
sont traduits dans 42 pays. Ce que le jour doit à la nuit – meilleur livre de
l'année 2008 pour le magazine Lire et prix France Télévisions 2008 – a été
adapté au cinéma par Alexandre Arcady en 2012. L'Attentat a reçu, entre autres,
le prix des Libraires 2006 et a été traduit dans 36 pays. Son adaptation
cinématographique par le réalisateur Ziad Doueiri est sortie sur les écrans en
2013 et a reçu le prix du Public à Bastia et l'Étoile d'or à Marrakech quant à
son adaptation théâtrale par Humani théâtre c'est une réussite. Son site
Internet : www.yasmina-khadra.com
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