Une place à prendre de J. K. Rowling,
éditions Grasset (2012)
Résumé : Le titre
original est « The Casual Vacancy » qui est un terme juridique anglais utilisé quand un
siège se libère à cause de la mort de l’élu ou de sa démission.
L’histoire se
déroule dans une petite ville du sud ouest de l'Angleterre, une sorte de Clochemerle so
british ! Welcome to Pagford.
Cependant tout n’est pas rose bonbon derrière les
façades proprettes de ce bourg où tout le monde se connaît et s’épie. La mort,
au premier chapitre, de Barry Fairbrother, élu local au Conseil
paroissial (un concept typiquement anglais) engagé à fond dans la défense d’un quartier
défavorisé « Les Champs » et des jeunes en difficultés qui y vivent,
va déclencher un cataclysme. Qui pourra le remplacer ? Deux camps
s’opposent : les partisans de la poursuite de l’action de Barry et ceux
qui voudraient se débarasser du fardeau que
représente Les Champs, ses drogués, ses paumés, ses familles
désorganisées et ses enfants scolarisés à Pagford… Le roman brosse un portrait
sans concession des protagonistes, de leurs ambitions mesquines.
Mon avis : L’intrigue elle-même est mince. Elle tient toute entière
dans le titre « Une place à prendre ». L’écriture, en traduction
française, n’a pas de style particulier. C’est bien léché, très détaillé, comme
souvent dans ces gros pavés anglo-saxons, le lecteur n’a pas à faire
d’effort d’imagination je cite : « Des maisons
aux façades grises et sales, certaines recouvertes de tags et d’inscriptions
obscènes ; ici et là, des fenêtres condamnées par des planches
clouées ; une noria d’antennes paraboliques et du chiendent… »
En revanche, la société décrite par J. K. Rowling, n’a
rien à voir avec le monde des Bisounours. Les adultes sont lamentables,
haïssables, mesquins, brutaux, à la limite du sordide… les adolescents ne se
gênent pas pour les juger. Ce sont des jeunes d’aujourd’hui loin du monde
magique d’Harry Potter. Ils fument, se droguent, s'auto mutilent, s’intéressent au sexe,
s’expriment dans un langage cru… La vie des jeunes de maintenant quoi ! Ils nous renvoient l'image de la non éducation qu'ils reçoivent. Quand on voit les adultes qui les entourent on s'étonne même que ce ne soit pas pire.
Il me semble que ces sont tout
de même ces adolescents qui donnent la meilleure part au roman. C’est parfois un
peu caricatural, un peu forcé dans la noirceur, dans le style reportage en banlieue
de TF1. On sait que cela existe, hélas, des H.L.M., des mères célibataires,
junkies, incapables d’éléver une tripotée de gamins de pères différents dans un logement mal tenu. Si le
roman se résumait à cela, il n’aurait aucun interêt. Mais l’auteur décrit aussi
ce qui se passe derrière les jolis rideaux des belles maisons de Pagford,
chez des gens respectables à qui on donnerait le bon dieu sans confession. Des
enfants maltraités, insultés, des époux lamentables, des épouses qui ne valent guère mieux, des amants lâches, des
notables vaniteux… Quelle issue pour ces habitants pris au piège du conformisme
de cette bourgade de province ? On se délecte de leurs angoisses, de leurs
peines, car comme l’écrivait Beckett dans Fin de partie : «Rien n’est plus drôle que le
malheur des autres ».
Ce roman dont on a beaucoup parlé (premier roman pour adultes de cette auteure) n’est pas une œuvre extraordinaire. Cependant il se lit bien. L’envie de savoir ce qui va advenir perdure au long des
679 pages. C’est une comédie de moeurs assez réussie et une bonne satire de la
société. Peut-être manque-t-il tout de même un peu de profondeur pour aller
au-delà du constat. A vous de décider.
Frederic Bezies (Google+)
RépondreSupprimer11:42 (Il y a 2 minutes)
Ce bouquin ennuyeux comme la pluie à lire ? J'ai largement préféré la saga des Harry Potter.