L’Emprise de Marc Dugain
Editions Gallimard (2014)

Derrière eux, les véritables maitres du jeu, le
président d'un groupe militaro-industriel et le directeur du renseignement
intérieur tirent les ficelles, font leur choix.
D’autres personnages annexes – une artiste chinoise, un
syndicaliste, une employée de la DGRI, la femme du candidat… font partie des
pions qui sont avancés par ces puissants sans scupules pour marquer des points
dans un jeu pervers ou la magouille et l’argent servent de colonne vertébrale à
la démocratie.
Personne en haut lieu ne veut y laisser des plumes et le
bon candidat sera celui qu’on pourra le mieux manœuvrer parce qu’il sera tenu
par d’inavouables secrets.
Extraits:
"La mondialisation était selon lui peu ou prou la continuation du modèle colonial. Les nations développées continuaient à se procurer des matières premières et de la main d'oeuvre à bas prix. Le consommateur final y trouvait son compte même s'il rechignait à l'avouer. Les biens de consommation étaient à moitié prix de leur vraie valeur; celle qui résultait d'un salaire juste.
Chaque chose ayant son revers, ce qu'on gagnait au niveau des prix, on le perdait au niveau de l'emploi, et la cohorte des chômeurs était grossie par une immigration à laquelle on parvenait difficilement à offrir une qualification.
"Quatre sous-marins lanceurs d'engins dotés chacun d'une puissance de destruction de trois cents fois Hiroshima croisaient sous les mers en permanence, dans un silence de crypte romane. C'est ainsi que la paix avait été garantie sous nos latitudes : grâce à la menace d'une destruction totale. L'être humain n'entendait raison qu'à ce prix-là, résultat d'une évolution de l'espèce qui en disait long sur celle encore nécessaire."
"Nous avons eu sept suicides dans le groupe depuis la fusion. Ce n’est ni plus ni moins que ce que vivent les entreprises de notre taille lors d’une fusion. Nous sommes dans les normes et même un peu en dessous."

L'écriture est souple, les dialogues bien construits, incisifs, sobres
et sans détours. Écrit sans langue de bois, il tient la route. On ne peux qu’y
trouver du « déjà vu » dû au fait des nombreux emprunts à l'actualité
politique. D’ailleurs on se dit en refermant le bouquin que la presse ne nous
informe que d’une infime partie de ce qui se trafique au sommet de l’état.
Quant aux juges, les dossiers qu’ils ont à traiter
appartiennent aux malchanceux qui ont eu le malheur de se faire pincer ou
d’être lâchés.
En conclusion Marc Dugain se comporte en médecin légiste
des consciences (s’ils en ont une), disséquant sans concession, les relations
tant familiales que politiques. À ire absolument.
Quinquennat de Marc Dugain
Editions Gallimard, (2015)

Dans cette intrigue vertigineuse et actuelle, Marc
Dugain réussit à entrer au plus profond de l’intimité psychologique de ses
personnages et de la réalité tragique du pouvoir, là où les raisons de la lutte
n’importent plus et où l’élimination de l’autre devient un objectif en soi.
Extraits: "Il s'ensuit que, plus que jamais, la France, habituée à amortir les crises, amortit désormais la croissance. Ses dirigeants, issus en majorité de la haute administration française, n'ayant pas eu le courage d'imposer les réformes quand il était temps, attendent maintenant la croissance comme les officiers attendaient les Allemands sur la ligne Maginot.
Un autre phénomène nous paraît également prégnant. C'est celui du fossé entre le pays profond et ses élites, en particulier politiques, qui ajoutent à une attitude constante de suffisance un goût pout l'argent qui va jusqu'à la prévarication sur des montants considérables avec un sentiment d'impunité rare dans une démocratie de cette importance."

Quinquennat est tout de même plaisnat à lire. On y croise les
mêmes personnages et cela fonctionne pas mal même si je pense que la qualité
est moindre que dans l’Emprise.

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