La phrase du jour

“"Si le théâtre oublie le monde, le monde finira pas oublier le théâtre". Bertolt Brecht



samedi 16 avril 2016

De l'écriture au plateau


LES PAVES DE SYNTAGMA




Mardi 12 Avril à midi présentation par la Cie du Rêve mobile de la maquette de la pièce m.e.s Sévane Sybesma.
Maquette très aboutie avec  Benoit Hamelin, Béatrice Vernet, Olivier Bourdrand, Dimitra Kontou et Maximilien Neujahr



Réflexions de l'auteur 



Les Mardis midi du Théâtre 13/Seine sont proposés par une association A.2M (Association pour les mardis midi) soutenue par les EAT.


C'est la rencontre du texte d'un(e) auteur contemporain avec un(e) jeune metteur en scène qui a choisi ce texte-là et pas un autre parmi les textes lauréats du Comité de lecture des EAT.


L'histoire commence par "Il était une fois" c'est logique pour une histoire.
En décembre 2014, j'avais envoyé ma pièce "Les pavés de Syntagma" au comité  de lecture des EAT, comme on jette une bouteille à la mer. En effet, écrire pour le théâtre n'offre guère de débouchés, à part écrire pour sa propre Cie, ce qui prive d'auteur d'une dimension supplémentaire : le regard extérieur, l'appropriation de ses mots par une autre personne. Ce que j'appelle la quatrième dimension.

Fin mars, le texte est sélectionné par le comité de Lecture Tous public.

Quelques jours plus tard, les EAT me demandent si je suis d'accord pour que ce texte soit présenté à des metteurs en scène émergents. Je suis ensuite contactée par Sévane Sybesma finaliste du Concours Jeunes metteurs en scène du Théâtre 13 en 2014.
Elle me dit avoir eu un coup de coeur pour le texte et désire le mettre en maquette.
Commence alors un échange de mails. Puis une rencontre en Octobre 2015 à Paris. Une autre avait été programmée le 14 novembre 2015 afin de rencontrer les acteurs qui travaillent avec elle sur le projet. Hélas, le 13 novembre des attentats meurtriers ensanglantent Paris.
On annule.
Après nous avons travaillé en concertation, par téléphone ou par mail.
Dès le départ, je lui ai exprimé mon désir de la laisser libre de ses choix. 
Ces échanges furent enrichissants sur le plan humain et artistique.

La maquette que Sévane nous a présentée était très aboutie. En elle-même, elle constitue un vrai spectacle. Pas besoin de lourds décors, de machineries, d'autres choses pour que vivent mes mots et qu'ils agissent émotionellement  sur les spectateurs.
Des bruitages et quelques compositions musicales, la voix superbe de Dimitra Kontou donnent à l'ensemble un décor sonore suffisamment fort pour que chacun  soit emporté.

Sévane Sybesma montre dans cette mise en maquette un vrai sens du tragique. Ce sens trop rare aujourd'hui, présent chez quelques metteurs en scène comme Jean Bellorini ou Marie Lamachère.
Elle sait ne pas en faire "trop". Elle évite l'écueil du rouge sur rouge dans la direction de ses acteurs. Le tragique de texte est souligné par la légèreté enivrante et juste de l'interprétation de ses comédiens talentueux. 

Réflexions de la metteur en scène

Ce fût une chance de pouvoir lire et découvrir une pléiade d'auteurs contemporains vivants et de les mettre en voix.
Je me suis prêtée pour la première fois au jeu de la maquette et m'y suis engagée au même titre qu'une vraie mise en scène.
Ma première ambition était de faire entendre le texte, tout en y apportant un éclairage personnel. Parmi tous les textes proposés, celui de Louise Caron s'est imposé à moi comme une évidence. Sa dimension tragique faisait écho à ma première mise en scène,"Papiers d'Arménie", présentée au Théâtre 13. Sa problématique très actuelle m'a interpellée.  
D'autre part,  c'est toujours très impressionnant d'avoir l'opportunité de rencontrer l'auteur des mots qu'on met en scène. La rencontre avec Louise a été simple et riche. Nos échanges ont nourri mon travail de mise en scène.

Quel public pour ce genre de manifestation:

La salle du théâtre 13/Seine était bien remplie, je ne sais pas combien mais disons 80 personnes qui ont sacrifié leur déjeuner pour venir là, voir le théâtre advenir. Des relations bien sûr des comédiens, quelques professionnels (J-L Paliès, L. Doutreligne) mais qui des EAT qui soutiennent les Mardis midi ? Elie Presmann, Sylvie Chenus en tant que responsable du Comité de lecture qui avait sélectionné le texte. Jacqueline Schulz pour l'administration avec la nouvelle stagiaire...  Une ou deux personnes s'étaient excusées. Mais les autres auteurs, les parisiens les franciliens ? Tous étaient-ils déjà engagés dans des répétitions, stages, voyages... ou bien n'est-ce pas symptomatique d'un chacun pour soi? Une association d'indifférents à l'écriture scénique contemporaine ? Je souligne ce point parce que nous l'avons évoqué à la fin lors d'une discussion intéressante. Même si j'étais Sévane et moi étions les premières concernées par ce désintérêt, je n'ai pas été la seule à déplorer ce manque de curiosité pour une auteur  et une metteur en scène pas connues (émergeantes,  comme on dit ?), des gens qui ne font pas partie du sérail ?

En revanche, le public des anonymes, ceux qui étaient venus écouter parce qu'ils aiment la découverte sont repartis enchantés, certains avec le texte en poche.

Après tout c'est pour eux aussi que j'écris et que Sévane met en scène. On sait très bien que nul n'est prophète en son pays ainsi en va-t-il d'un tout petit pays : Les EAT. N'y voyez nulle amertume juste un soupçon de regret pour le travail du Comité de lecture, celui des Mardis-midi, celui des comédiens de la metteur et scène.

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