Abraham et fils de Martin Winckler (2016)
Eds P.O.L.

Un jour du printemps 1963, Abraham Farkas, médecin rapatrié d'Algérie, proche de la cinquantaine et son fils Franz, âgé de neuf ans et demi arrivent pour la première fois à Tilliers, petite ville de la Sarthe. Abraham n’a qu’une seule préoccupation : son fils échappé mirculeusement à un coma profond suite à ce qu’il nomme un accident. Franz, lui, a deux amours : son père et les livres. Franz est resté amnésique et Abraham ne lui parle jamais dupassé, de sa mère et de leur vie d’avant. Ils s’installent rue des Crocus, dans la grande maison du Dr Fresnay, où Abraham va se remettre à travailler. Ils vont s’adapter, se faire adopter et réussir à se remettre à vivre.
Extraits :
« On embarque dans une histoire comme on part en voyage.
Certains aiment les croisières en paquebot. Ils somnolent dans un transat sur le pont brûlant de soleil et se laissent porter tout le jour, un cocktail à la main, avant d’aller rêver dans leur cabine de luxe. D’autres embarquent dans un sous-marin vitré pour se coller le nez sur le grand hublot et découvrir des mondes inexplorés, suivre des bancs de poissons, longer des galères englouties, regarder des plongeurs combattre un requin ou remonter un coffre des abysses. D’autres encore préfèrent s’élancer dans l’espace – l’ultime frontière – à la recherche de nouvelles formes de vie, de civilisations inconnues, pour se rendre là où nul n’est jamais allé. D’autres enfin s’asseyent à la terrasse d’un bistro pour regarder les lève-tôt entrer à la boulangerie, les épiciers sortir leurs cageots, les couche-tard regagner leur antre, les mères emmener leurs enfants à l’école.
Bref, les histoires sont faites pour nous mener en bateau et c’est pour naviguer qu’on embarque, sans toujours savoir où on va. »
« Ça vous paraîtra sans doute vieux jeu, mais je pense qu'un homme n'est pas fait pour rester seul. S'il reste seul longtemps sans rien ni personne pour s'occuper le corps et le cœur, un homme est malheureux, il s'étiole et il meurt. Une femme aussi, bien entendu, mais les femmes savent mieux que les hommes comment ne pas rester seules. Elles savent se retrouver et se parler ; elles ont toujours de quoi s'occuper l'esprit. La plupart des hommes cherchent surtout à s'occuper le corps. Et ils ont du mal à se parler, si ça n'est pas pour se mesurer les uns aux autres. »

La mémoire, la famille, la guerre, les traumatismes, l'amour, il y a tout cela dans ce nouveau Winckler. C'est bien écrit, fluide mais il lui manque la force d'un sujet comme "En souvenir d'André".

Son blog : http://wincklersblog.blogspot.fr
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