La société des jeunes pianistes
de Ketil Björnstad,
éditions Lattès (2006)
Résumé : Le titre fait
référence au nom adopté par un groupe d'adolescents à l’aube des années ’70 à Oslo. Ils sont à la fois amis et
rivaux, et ont en commun l'amour de la musique. ils préparent le concours du
" Jeune Maestro ". Tous vont subir une terrible pression de leur
entourage, mais surtout d'eux-mêmes... Baigné
depuis l’enfance par sa mère dingue de musique classique, le jeune Askel
abandonne ses études après la noyade de celle-ci, pour se consacrer entièrement
au piano et devenir un soliste virtuose. Il est amoureux de Anja Skoog, jeune fille étrange, prodige du
piano, élevée sous l’emprise maléfique de son père un neurochirurgien de
renom. Gravitant autour des personnages principaux une foule d’autres
personnages tous consistants qui apportent leurs pierres à l’édifice de ce
magnifique roman.
Extrait : Je joue pour elle (Note: il parle de son professeur). Des pièces simples. La fille aux cheveux de lin, la cathédrale engloutie. Elle vient toujours vers moi par l'arrière. Je m'attends à sentir ses mains sur mes épaules, son souffle dans mon oreille, ses phrases lumineuses qu'elle me sussure, d'une évidence si confondante que je n'y aurait jamais pensé. Elle désire toujours que je joue plus lentement. Plus c'est lent, plus j'ai le temps.
- Laisse ces quintes résonner, Askel. Tu entends ce qui est englouti ? Les échos lointains ? Les sons issus d'un autre temps, d'existences déjà vécues, d'un passé avant que surviennent les choses. Est-ce la cathédrale, est-ce ta mère ? Est-ce Anja Skoog ?
La Cathédrale engloutie de Debussy
Mon avis : Ce livre fluide et tumultueux, traduit du norvégien coule comme la rivière qui hante son jeune héros. Une écriture riche, pleines d’images qui loin de nous imposer des visions, nous les suggèrent pour mieux nous mettre à même de les faire vivre dans notre imaginaire. La musique est omniprésente. Je conseille aux lecteurs mélomanes de rechercher les morceaux dont il est question, et une fois le roman terminé de les écouter en se laissant emporter par la musique comme ces jeunes pianistes. C'est une expérience grisante car on ressent les mots de l'auteur sur les notes. La peinture de Munch est là aussi en contrepoint.
La Société des Jeunes Pianistes est un roman initiatique, triste et beau
qui évoque le désir, l’amour, la vie, la mort. Il ressemble en cela à
Kafka sur le rivage de Murakami.
Il démontre la difficulté à se
projetter dans l’âge adulte, à vivre ses premiers émois amoureux, les tourments
qui les accompagnent, à se séparer de sa famille, à rencontrer des maîtres et à
savoir s’en affranchir.
J’ai adoré et je compte lire prochainement,
la suite « L’appel de la rivière ».
Biographie : Né à Oslo en 1952, Ketil
Bjørnstad, qui est à la fois auteur, compositeur et musicien, a été découvert à
l’âge de quatorze ans quand a remporté le Grand Concours des Jeunes Pianistes à
Oslo. Sa trilogie consacrée au personnage d’Aksel Vinding, saluée par la
critique, connaît un vif succès en Europe.
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