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Les Mots de Gwen et pas seulement à cause de ce commentaire sur SE DEPARTIR.
Vous y trouverez ses critiques de livres, ses coups de coeur, les trois premiers chapitres de son roman Avoir & Etre. c'est bien écrit : Les aventures de Lola, Scott, Jérémy, Maud et Julie.
Vous y trouverez ses critiques de livres, ses coups de coeur, les trois premiers chapitres de son roman Avoir & Etre. c'est bien écrit : Les aventures de Lola, Scott, Jérémy, Maud et Julie.
Louise R. Caron - Se départir
Un roman qui vous saisit.
Pour commencer, un grand merci à son auteur,
Louise R. Caron pour cette découverte. Aujourd’hui, le monde de la littérature
est sur-envahit, il est normal de passer à côté de certains auteurs. Normal,
mais rageant quand on voit qu’une librairie regorge d’auteurs désirants être
lus ! C’est pourquoi, j’apprécie énormément de lire un premier roman, je
trouve que c’est donner un coup de pouce à un auteur qui ne possède - en
général - pas la communication de ceux que l’on trouve en tête des ventes.
Se départir est donc le roman que Louise R. Caron a eu la gentillesse
de me faire découvrir. Nous sommes en mars 2009, dans un Paris qui alterne
entre chaleur et pluie. Un Paris que Eléonore a fui des années auparavant et
qu’elle regagne, pour quelques jours, à contre cœur. En effet, elle est là à la
demande de sa fille qui lui a annoncé que son père - l’ex-mari d’Eléonore - est
sur un lit d’hôpital. Les raisons ? Un accident de voiture. La raison
de sa venue ? Il faut le débrancher. Ces quelques jours sont l’occasion
pour Eléonore de se remémorer son passé avec cet homme mais aussi de se prouver
à elle-même qu’elle est encore une femme, une femme séduisante. Dans ce Paris
qu’elle n’aime pas, elle va y faire des rencontres. Notamment revoir sa fille
Léa qu’elle n’a pas vue depuis deux ans. Mais les relations tendues vont les
empêcher de communiquer et l’envie de se faire du mal et la plus forte. Elles
se séparent sans que rien ne soit dit oralement. Seulement, les non-dits, les secrets,
vont devoir se mettre à jour… Quitte à faire mal, quitte à se révéler.
Le roman est divisé en deux parties :
Eléonore et Léa. La première est la narration, du point de vue d’Eléonore, de
son séjour à Paris. Ses rencontres, ses doutes, mais surtout, ses blessures qui
remontent un peu plus chaque jour qui passe, chaque jour qui l’oblige à se
remémorer ses douleurs. Revoir Antoine, cet homme qu’elle a failli tuer un jour
ravive une souffrance qu’elle a cloisonné pendant plus de vingt ans. La seconde,
c’est l’avant/l’après du point de vue de Léa. Une confession. Certainement la
partie la plus intéressante ! Elle est surtout celle qui permet
d’éclaircir certains faits, c’est de ce point de vue-là qu’elle est plus
intéressante. Léa, nous la retrouvons deux mois après le séjour de sa mère à
Paris. Avant qu’elle ne parte, elle a pris soin de lui laisser une lettre
contenant de quoi la blesser sérieusement. Mais Léa a reçu une réponse de sa
mère à cette lettre, une réponse qu’à mon avis, elle n’attendait pas ; de
ce fait, elle décide de lui répondre à son tour, mais plus que ça, elle va lui
confesser ses réponses via un enregistrement. Pour le coup, nous lecteurs
comprenons mieux les pourquoi. Léa est prisonnière de la vie qu’elle s’est
bâtie et tient là l’occasion de la mettre à jour.
Des deux personnages, Léa est pour moi le plus
riche. Et pourtant, bien moins abordé que sa mère ! Mais, la complexité
qui se révèle à la lecture de sa partie la rend plus mystérieuse et plus
captivante si l’on repense aux scènes précédentes. Sa mère, Eléonore, est elle
aussi intéressante de par sa souffrance : murée dans un silence depuis la
mort de son fils ainé, mort dont elle tient Antoine, son mari, pour
responsable, elle sait qu’à la suite de cette perte, elle a rejeté sa fille.
Aujourd’hui, elle doute d’elle, elle ne fait pas confiance aux gens et met en
avant un côté un tantinet agressif. Mais bon, j’ai envie de dire que son
attitude est normale. Celle de Léa cependant, est un résultat normal lui aussi,
mais instillé par le manque d’amour et le doute qui la berce depuis sa plus
tendre enfance (une conversation entendue lorsqu’elle avait 5 ans). On
l’apprend, Léa souffre de différentes façons. Elle a surtout un penchant
possessif et machiavélique. Avec cette confession, elle veut tout mettre à plat
avec sa mère. Pour mieux repartir ?
Comme le dit Louise R. Caron, "Si on
reprend le même incident et que l'on demande à chacun de refaire le récit, on
tombe dans le mythe, les choses sont enjolivées ou dramatisées, on aura moins de
détails sur le concret et davantage sur les sensations." Et c’est
tout à fait vrai ! Pour un évènement, chaque personne aura son propre
souvenir ; chaque petit souvenir peut reconstituer une scène. Ici, Léa a
décidé de se construire ses propres souvenirs. Elle a trop souffert et a porté
cette souffrance des années durant, se sentant responsable de ce qui est arrivé
par le passé. Elle s’est forgé une carapace, un monde dans lequel elle se sent
bien. Et si l’on pouvait penser que le sujet principal de Se départir était le
travail du deuil qui peut durer des années, il serait juste de préciser que la
fabulation l’est tout autant. Cette capacité à se construire un monde - à
défaut d’être idéal - agréable qui tient éloigné les mauvaises choses.
Se départir est très bien écrit. L’auteur a une plume aiguisée qui
permet de mettre les mots justes sur les sentiments, les sensations. Elle sait
retranscrire ce que ressentent ses personnages, si bien que l’on arrive presque
à se mettre à leurs places. Les phrases courtes donnent un rythme rapide au
récit. Maîtrisée, cette capacité à écrire des phrases brèves évite au roman de
se lire de façon hachée. Ici, l’auteur joue avec ce rythme tout au long du
roman et donne ainsi l’impression que nous sommes dans l’attente perpétuelle
d’une révélation ; attente accentuée par les quelques ellipses placées ici
et là. Un dernier point sur la précision des lieux qui ont le mérite de nous
permettre de bien les visualiser. Petit avantage si l’on connait les régions
citées !
Un très bon roman qui mérite d’être lu !
Merci à Gwen.
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