Avignon OFF, le
meilleur et le pire
dans plus de 1300 spectacles à l’affiche
Je ne parlerai que du meilleur, le pire il faut mieux
l’ignorer, quant au IN, je l’évite parce que j’aime le théâtre plutôt que la
performance ou l’art d’épater les snobs.
Avignon, c’est un grand magasin du théâtre, on va d’un rayon
à l’autre et on pique
là un Shakespeare, là un Garcia Lorca…là un Tchékov, là une pièce d’un inconnu.
Si on y va au hasard, à la pêche à la ligne, avec seulement
le programme dans sa besace (2 kg de papier), on a toutes les chances de se
planter, sauf si la bonne fée des spectateurs veille sur vos choix.
Alors, la stratégie , la mienne, la nôre, est de
sélectionner avant d’y aller et de laisser quelques trous pour le bouche à
oreille.
La sélection se fait : sur la Cie, l’auteur, le lieu,
les comédiens.
Le lieu est important, les specatcles se donnent aussi bien
dans des garages à peine aménagés que dans des salles permanentes.
NB : Se méfier de la pub au tractage :" c’est
hilarant et en plus la salle est climatisée", surtout si le flyer vous est tendu
par une minette travestie en lapin rose. (Note que je n’ai rien contre les
lapins roses en général.)
En combinant bien les trajets, les horaires et les temps de
repos, j’ai vu en trois jours dans l’ordre :
- Noces de sang de
Garcia Lorca au théâtre du Chêne noir. ******
Mise en scène de William Mesguish (Cie L’empreinte)
Histoire
d’un mariage contraint. La femme en aime un autre. Alors, les deux hommes
s’entretuent pour elle. La mort plane. Et la forêt devient un espace puissant
qui s’empare des amants. Atmosphère bien rendue des villages espagnols du
siècle passé. Une mention à Williams Mesguish qui jouent deux personnages de
façon fine et bien construite.
- Les Pieds Tanqués
de Philippe Chuyen à Présence Pasteur *****
Une partie de pétanque, son langage, ses bons mots et 4 personnages avec
une déchirure secrète : la guerre d’Algérie. Ils s’opposent, livrent leur
vérité, mais chacun a à cœur de finir le jeu, sur ce terrain qui les unit
au-delà de tout. Une pièce où les mémoires s’entrechoquent, une comédie
dramatique sur l’identité et le vivre ensemble.
- Céline/Proust, une
rencontre ? de Louis-Ferdinand Céline / Marcel Proust au Petit Louvre
Mise en scène,
scénographie et lumière : Ivan Morane ( Réalité, Cie Ivan Morane) ******
Un seul comédien Ivan Morane, interprète
formidablement les deux personnages qui dialoguent dans ce spectacle : Marcel
Proust et Louis Ferdinand Céline.
C’est un choix théâtral dans la
mesure où la « logique » impliquait deux comédiens.
Ces deux hommes ne sont pas de la
même génération, ne se sont jamais rencontrés, se seraient sans doute détestés.
Tout oppose les deux plus grands auteurs
français du XXème siècle (judéité, sexualité, milieu social et politique…),
mais qu’en est-il de leur rapport à leur maman ? Drôle, intelligent.
- Le Révisor de
Nicolaï Gogol au Petit Louvre ******
Mise en scène Ronan Rivière, Aymeline Alix
Dans une
province éloignée de Russie, un jeune aristocrate oisif est pris pour un
Inspecteur Général de Saint-Pétersbourg. Le Gouverneur et les notables locaux
tentent de dissimuler la gestion catastrophique de leur ville et de corrompre
cet inconnu. La mise en scène est absolument efficace ainsi que le décor
décalé. Le texte est admirablement servi par les comédiens.
- Le Marchand de Venise de W. Shaespeare au
théâtre de l’Oulle ******
Mise en scène de
Pascal Faber (Cie 13)
La pièce la
plus polémique de SHAKESPEARE !
Le chrétien
Antonio emprunte de l'argent à l'usurier Juif Shylock. Ne pouvant rembourser sa
dette, Shylock exige qu'une livre de chair soit prélevée sur le corps de son
débiteur. Un procès équitable ?
-Romain Didier, aux Lucioles. Spectacle
musical Dans ce grand piano noir*****
Un virtuose
du piano et des arrangements. Des chansons à textes. Superbe
- Platonov de Tchéckov Cie. Libre d’Esprit à
l’Espace Alya **
Mise en scène de Nikson Pitaqaj
Une soirée, une bande d’amis réunis
histoire de bavarder, de cancaner, de tromper l’ennui, de manger, de danser, de
boire aussi bien sûr. La musique s'enraye. Le drame survient mais la fête
continue. Une adaptation mouvementée aux accents balkaniques. `
Raté, trop agité sans rapport avec le
propos de l’auteur. A éviter.
ZigZag de Xavier Lemaire d’après Molière. Cie Les Larrons à La Luna******
Mise en scène de Xavier Lemaire
Dans le même spectacle, la 1ère scène
du Médecin malgré lui de Molière mis en scène de 3 façons différentes. Classique
symboliste et contemporain engagé. Des clins d’œil paraît-il involontaires…. Un
joli regard sur la mise en scène, une façon de voir le Théâtre avec amour, une
occasion de soulever le rideau de la création et de comprendre les enjeux du
choix d’un metteur en scène, dans un spectacle ludique, enjoué et surprenant!
Prix du public OFF 2014 et le Molière
2015 du meilleur spectacle Public, pour les coquelicots des tranchées de l’an dernier.
George Dandin de Molière par la Cie Les
Passeurs (commedia dell’ arte) ******
Mise en
scène de Charly Labourier
Un classique : George Dandin est
un paysan dont la fortune est faite, et qui s'est offert le luxe d'une
brillante alliance : en épousant Angélique de Sotenville, il redore le blason
de cette famille désargentée, obtenant du même coup pour ses futurs enfants le
titre de gentilshommes. Mais Angélique, mariée de force à cet homme qu'elle
exècre, entend bien profiter des quelques belles années que lui offre sa tendre
jeunesse, et noue un commerce suspect avec un certain gentilhomme du nom de
Clitandre... Rires et émotion. Du grand art et quelle énergie sous un soleil de
plomb.
Et l’aventure continue à partir du 20 avec la
lecture de mon monologue par Serge Dupuy.
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