Le Liseur
de Bernhard Schlink
Ce livre est paru en Allemagne en '95, la traduction française de Bernard Lortholary, en '96 chez Gallimard. J'en avait lu une critique dans le magazine LIRE qui m'avait donné envie de l'acheter. Je venais de terminer le Tambour de Gunter Grass et rester sur l'Allemagne ne me déplaisait pas.
L'histoire est somme toute banale, une histoire d'amour entre un très jeune homme et une femme dans l'Allemagne de l'immédiate après guerre. Hanna soumet le narrateur à un rituel, avant l'amour il doit lui lire à haute voix un roman, une histoire… il est son liseur. Un jour elle disparaît… et quand il la retrouve, sa surprise est grande. Il comprendra peu à peu pourquoi il a dû lui faire la lecture durant la période de leur amour.
Le contexte historique a une importance fondamentale dans le déroulement de l'intrigue. Quand le narrateur retrouve Hanna, on est dans la période d'élucidation du passé. Les Allemands veulent faire peau neuve. Période de culpabilité de tout un peuple, de toute une génération, celle des enfants nés à la fin ou après la guerre qui condamnent leurs parents. Ces jeunes, je les avais côtoyés après 1962, dans mon adolescence quand les échanges culturels entre la France et l'Allemagne ont vu le jour à travers l'Institut Goethe. J'ai voyagé là-bas, ils sont venus en France, nous avons parlé, j'ai entendu leur désir d'être lavés de la tache du nazisme dont ils n'étaient pas responsables.
Je cite juste un petit passage :
Nos parents avaient joué sous le Troisième Reich des rôles très divers. Beaucoup de pères avaient fait la guerre… Je suis sûr que, pour autant que nous les interrogions et qu'ils nous répondent, ils avaient à dire des choses fort diverses... Mon père ne voulais pas parler de lui. Mais je savais qu'il avait été privé de son poste de maitre-assistant de philosophie pour avoir annoncé un cours sur Spinoza… Comment est-ce que j'en étais venu à le condamner à la honte ? Mais c'est ce que je faisais. Tous, nous condamnions nos parents à la honte, ne fussent qu'en les accusant d'avoir, après 1945, tolérés les criminels à leurs côtés… parmi eux.
J'ai fait une adaptation de ce roman pour le théâtre à la demande d'une Cie théâtrale qui n'a finalement jamais obtenu les droits… Le montage financier ne s'est pas fait et le texte est resté dans mes tiroirs. Je me dis qu'un jour ce serait bien qu'il en sorte.
Je vous conseille d'emprunter ou d'acheter ce roman dense et émouvant. Il soulève beaucoup de questions… Ses autres livres valent aussi d'être lus en particuliers le recueil de nouvelles Amours en fuite (2001 chez Gallimard)
Bernhard
Schlink est né en 1944. Il partage son temps entre Bonn et Berlin. Il exerce la
profession de juge. Il est l’auteur de plusieurs romans policiers couronnés par
de grands prix.
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