édition Flammarion (2015)
Résumé : On est en 2022 au lendemain des élections présidentielles. Une anticipation dans laquelle un parti musulman remporte la présidentielle contre le Front national.
Le narrateur est un universitaire spécialiste de Huysmans, dépressif et paumé à la libido en berne. On assiste via le narrateur aux changements de régime et aux conséquences sur la société française en particulier au niveau de l’éducation.
Extraits : « La spécificité de la littérature, art majeur d’un Occident qui sous nos yeux se termine, n’est pourtant pas bien difficile à définir. Autant que la littérature, la musique peut déterminer un bouleversement, un renversement émotif, une tristesse ou une extase absolues ; autant que la littérature, la peinture peut générer un émerveillement, un regard neuf posé sur le monde. Mais seule la littérature peut vous donner cette sensation de contact avec un autre esprit humain, avec l’intégralité de cet esprit, ses faiblesses et ses grandeurs, ses limitations, ses petitesses, ses idées fixes, ses croyances. »
« Et je ne pense pas non plus que vous soyez véritablement athée. Les vrais athées, au fond, sont rares. — Vous croyez ? J'avais l'impression, au contraire, que l'athéisme était universellement répandu dans le monde occidental. — À mon avis, c'est superficiel. Les seuls vrais athées que j'ai rencontrés étaient des révoltés ; ils ne se contentaient pas de constater froidement la non-existence de Dieu, ils refusaient cette existence, à la manière de Bakounine : “Et même si Dieu existait, il faudrait s'en débarrasser…”, enfin c'étaient des athées à la Kirilov, ils rejetaient Dieu parce qu'ils voulaient mettre l'homme à sa place, ils étaient humanistes, ils se faisaient une haute idée de la liberté humaine, de la dignité humaine. Je suppose que vous ne vous reconnaissez pas, non plus, dans ce portrait ? » Non, là non plus, en effet ; rien que le mot d'humanisme me donnait légèrement envie de vomir, mais c'était peut-être les pâtés chauds, aussi, j'avais abusé ; je repris un verre de Meursault pour faire passer. »
« Pendant toutes les années de ma triste jeunesse, Huysmans demeura pour moi un compagnon, un ami fidèle; jamais je n'éprouvai de doute, jamais je ne fus tenté d'abandonner, ni de m'orienter vers un autre sujet; puis, une après-midi de juin 2007, après avoir longtemps attendu, après avoir tergiversé autant et même un peu plus qu'il n'était admissible, je soutins devant le jury de l'université Paris IV - Sorbonne ma thèse de doctorat : Joris-Karl Huysmans, ou la sortie du tunnel. Dès le lendemain matin (ou peut-être dès le soir même, je ne peux pas l'assurer, le soir de ma soutenance fut solitaire, et très alcoolisée), je compris qu'une partie de ma vie venait de s'achever, et que c'était probablement la meilleure. »
Mon Avis : Je ne suis pas fan de Michel Houellebecq à qui je reproche depuis longtemps de s’étendre sur ce qu’il prétend dénoncer à savoir le désenchantement du monde occidental et sa décadence ; ceci ayant pour corrolaire l’écriture de scènes de sexe bien inutiles et l’étalage d’une pusillanimité de beauf moyen.
Dans Soumission, il poursuit sa méditation sur la société occidentale, en captant l’angoisse de la modernité dont il dresse le constat avec une efficacité et une absence de nostalgie.
J’avais tant entendu dire « des choses » controversées sur ce livre que je souhaitais me forger une opinion après lecture. Mission accomplie : j’ai aimé.
Le livre est bien écrit. Ses références sont excellentes et distillées avec intelligence.
Le personnage affiche le même cynisme que l’auteur. Il est crédible (croyez-moi j’ai cotoyé longtemps le milieu universitaire et les turpitudes de ses profs décadents)
Le sujet est une fiction plausible et le choix des hommes politiques tout à fait adéquat.
Par ailleurs quand on referme le livre, on est saisi par un doute : s'agit-il d'une prophétie amère et pessimiste ou bien d’une exhortation à « l'insoumission ».
En revanche, l’action proprement dite ne commence qu ‘après 100 pages un peu « molles » mais qui ne manquent pas d’humour.
Il me semble qu'il faut lire ce roman et réfléchir ensuite.
Biographie : Michel Houellebecq, né Michel Thomas à la Réunion, le 26 février 1956 (acte de naissance), ou en 1958 (selon lui), est un écrivain français. Poète, essayiste, romancier et réalisateur, il est, depuis la fin des années 1990, l'un des auteurs contemporains de langue française les plus connus et traduits dans le monde. Il a également fait quelques apparitions remarquées en tant qu'acteur.
Après la publication d'une biographie de Lovecraft, il est révélé par les romans Extension du domaine de la lutte et, surtout, Les Particules élémentaires, qui le fait connaître d'un large public. Ce dernier roman, et son livre suivant Plateforme, sont considérés comme précurseurs dans la littérature française, notamment pour leur description au scalpel, mais non sans humour, de la misère affective et sexuelle de l'homme occidental dans les années 1990 et 2000.
, Michel Houellebecq reçoit le prix Goncourt en 2010 pour le roman La Carte et le Territoire.
"Autant que la littérature, la musique peut déterminer un bouleversement, un renversement émotif, une tristesse ou une extase absolues ; autant que la littérature, la peinture peut générer un émerveillement, un regard neuf posé sur le monde. Mais seule la littérature peut vous donner cette sensation de contact avec un autre esprit humain, avec l’intégralité de cet esprit, ses faiblesses et ses grandeurs, ses limitations, ses petitesses, ses idées fixes, ses croyances. " Bon, ça commence fort et je ne suis, bien sur, pas d'accord. Mais je suis assez curieuse de lire ce livre, justement pour sa controverse, et ton retour sur ce texte est motivant!
RépondreSupprimerMerci d'avoir laissé un commentaire. Moi j'ai aimé d'autres ont détesté.
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