La phrase du jour

“"Si le théâtre oublie le monde, le monde finira pas oublier le théâtre". Bertolt Brecht



lundi 5 janvier 2015

Entre le diable et la mer bleue profonde


Comédie dramatique de Michel Caron sera le prochain spectacle de la Compagnie T2A.
Prévision de création  début octobre 2015.

Mise en scène Louise R. Caron
Distribution: 
Michel Caron: Le visiteur
Yan Liger : Christopher
Julien Reboul: Williams
Isabelle Rousselle: Marilou.

Présentation 

Dans la pièce "Entre le diable et la mer bleue profonde", Michel Caron, en neuf scènes de vies, déclinées au présent et au passé, dresse l’état d’un monde en ruines, celui d’aujourd’hui ou de demain. Dans cet espace-temps, le contrôle de la mémoire est un enjeu majeur pour celui qui a le (les) pouvoir(s). La mémoire individuelle, influencée par le cadre social dans lequel elle s'insère, devient une monnaie d’échange qui conduit à une dépendance grandissante.
Les personnages qu’il campe, à l’exception du Visiteur, sont désignés par leur prénom : Christopher, Marilou, Williams... Ils ont vécus, travaillés ensemble, pendant un temps, au service du Visiteur. L’ambition personnelle de Williams a mis fin à leur trio artistique. Chacun est allé de son côté. Marilou, la vedette du show Gorilla, la pragmatique a, tant bien que mal, survécu à la séparation. Christopher est resté au service du Visiteur, selon le pacte qu’ils avaient passé.
Puis un jour, le Visiteur les réunit à nouveau dans un lieu étrange, un parc d’attraction désaffecté, qu’il compte bien faire revivre. Un concept grandiose, une attraction pour riches désoeuvrés en mal de découverte. Dans ce projet, il n’y a pas de place pour Williams et Christopher. Comment trancher… comment choisir ? Le Visiteur qui est maitre dans l’art de la manipulation imagine le scénario, il suffira aux autres d’endosser les rôles.
Les personnages qui se débattent sur scène ne sont pas si loin de nous. C’est un miroir déformant que nous tend l’auteur. Ce texte est écrit dans une langue incisive et provocante invitant à la distanciation.
Les scènes s’enchaînent au son d’une musique originale qui ponctue l’étrangeté des situations. La Cie T2A propose au spectateur une pièce sensible à l’humour grinçant qui ne laissera personne indifférent. 

Note d'intention de la metteuse en scène
Pourquoi monter ce texte, après le spectacle Pages arrachées 1914-1915 ?  Pour moi, il existe une filiation entre les deux pièces. 
Après cette année de commémorations à tout va, il m'est apparu que la mémoire individuelle était confisquée au profit d’une mémoire collective. 
Dans Entre le diable et la mer bleue profonde, un des personnages maintient l’autre en dépendance mémorielle. Il y a ce qu’il est autorisé à garder en mémoire et ce qu’il doit oublier. Ce marché conduit le personnage de Chrsitopher à ne plus différencier le passé, le présent et le futur. Cela m’a semblé être une métaphore de la société occidentale actuelle, celle dans laquelle nous vivons. Les réseaux sociaux, tout à la fois espaces de liberté éphémère et d’aliénation, véhiculent des citations inventées, des vidéos truquées, de la propagnade de tous bords, des photos instantanées. Cepenadnt si les échanges sont éphémères, Le Maître du réseau lui collecte et conserve toutes les informations personnelles des utilisateurs : leur mémoire inividuelle est utilisée dans un but aujourd’hui mercantile. Mais demain…
J'ai été séduite par le sujet et par l'écriture cinématographique de cette comédie dramatique.

Nous avons choisi de travailler dans la Cie T2A sur des textes d’auteurs  contemporains, comme Tenessee Williams, aussi de monter nos propres textes. La façon dont ils ont été accueillis, les réactions des gens après les spectacles, ont achevé de me convaincre qu’il fallait être exigent pour donner au public le meilleur.
Les gens qui verront ce spectacle sont confrontés aux problèmes bien réels : le chômage, la sélection, l’intolérance, l’arrivisme, la violence, la guerre qui sévit dans d’autres parties du monde, un monde en ruine qu’on laissera derrière nous aux générations futures. Ils ressentent comme moi le cynisme, la pression ambiante. Le théâtre n’est poltique qu’indirectement. Nous ne proposons que des questions. C’est au spectateur d’inventer les réponses.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire