La honte d’Annie Ernaux
Editions
Gallimard (1997), Folio

Extrait : "Tout de notre
existence est devenu signe de honte. La pissotière dans la cour, la chambre
commune – où selon une habitude répandue dans notre milieu et due au manque
d’espace, je dormais avec mes parents-, les gifles, les gros mots de ma mère,
les clients ivres et les familles qui achetaeient à crédit. A elle seule, cette
connaissance précise que j’avais des degrés de l’ivresse… marqauit mon
appartenance à une classe vis-à-vis de laquelle l’école privée ne manisfestait
qu’ignorance et dédain."
Mon avis : Ce roman de la
taille d’une nouvelle (ce qui est habituel chez cette auteure) fait le pendant
à La Place (Prix Renaudo, 1984), et Les armoires vides. Annie Ernaux y livre
les états d’âme de la femme qu’elle est devenue vis-à-vis de l’enfant qu’elle
fut dans un milieu qu’elle ne trouve pas glorieux. C’est entre le roman et
l’ethnono-auto-biographie. Son écriture repose sur son expérience individuelle
et le contexte historique du milieu des années ’50 (Les Années, 2008). Elle
traite la question sociale de la période de l’immédiate après-guerre dans le
milieu ouvrier au regard du trajet individuel de sa famille.
On y retrouve comme motif central les mêmes souvenirs que dans les trois autres, elle commente les mêmes photos
(faisant preuve de cohérence). C’est un peu comme Christine Angot dans un autre
genre et dans un autre style. Un beau
style dépouillé que j’aime puisque je choisis d’emprunter régulièrement ses livres. Si ses
romans manquent d’originalité quant au sujet, ils sont justes dans les
sentiments et les ressentis.
A lire, pour ceux et celles qui
affectionnent les sensations véritables couchées sur papier, les petites blessures de l’âme
qu’on traîne sa vie durant.

Quelques œuvres d'Annie Ernaux : Les Armoires vides, 1974, La Place, 1983-1984, Une femme, 1987, La Honte, 1997, La Vie extérieure, 2000, Se perdre, 2001, L'Occupation, 2002, Les Années, 2008...
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