La phrase du jour

“"Si le théâtre oublie le monde, le monde finira pas oublier le théâtre". Bertolt Brecht



mardi 3 septembre 2013

Mes lectures du moment


La honte d’Annie Ernaux

Editions Gallimard (1997), Folio


Résumé : A l'âge de 56 ans, l’auteure part d’un souvenir d’enfance traumatisant et s’interroge sur ce qu’il représente pour son « moi-créatif ». Est-ce que la honte est le moteur de son écriture.

Extrait : "Tout de notre existence est devenu signe de honte. La pissotière dans la cour, la chambre commune – où selon une habitude répandue dans notre milieu et due au manque d’espace, je dormais avec mes parents-, les gifles, les gros mots de ma mère, les clients ivres et les familles qui achetaeient à crédit. A elle seule, cette connaissance précise que j’avais des degrés de l’ivresse… marqauit mon appartenance à une classe vis-à-vis de laquelle l’école privée ne manisfestait qu’ignorance et dédain."

Mon avis : Ce roman de la taille d’une nouvelle (ce qui est habituel chez cette auteure) fait le pendant à La Place (Prix Renaudo, 1984), et Les armoires vides. Annie Ernaux y livre les états d’âme de la femme qu’elle est devenue vis-à-vis de l’enfant qu’elle fut dans un milieu qu’elle ne trouve pas glorieux. C’est entre le roman et l’ethnono-auto-biographie. Son écriture repose sur son expérience individuelle et le contexte historique du milieu des années ’50 (Les Années, 2008).  Elle traite la question sociale de la période de l’immédiate après-guerre dans le milieu ouvrier au regard du trajet individuel de sa famille.


On y retrouve comme motif central les mêmes souvenirs que dans les trois autres, elle commente les mêmes photos (faisant preuve de cohérence). C’est un peu comme Christine Angot dans un autre genre et dans un autre style. Un beau style dépouillé que j’aime puisque je choisis d’emprunter régulièrement ses livres. Si ses romans manquent d’originalité quant au sujet, ils sont justes dans les sentiments et les ressentis.
A lire, pour ceux et celles qui affectionnent les sensations véritables couchées sur papier, les petites blessures de l’âme qu’on traîne sa vie durant.

Biographie : Annie Ernaux est née le 1er septembre 1940 à Lillebonne. Elle passe son enfance en Normandie, à Yvetot. Fille d’ouvriers devenus commerçants (tenanciers d’une épicerie-café). Elle est élève dans une école privée catholique. Elle poursuit des études supérieures à l'université de Rouen. Annie Ernaux exerce le métier d’institutrice, puis agrégée de lettres modernes, de professeur. 
Quelques œuvres d'Annie Ernaux : Les Armoires vides, 1974, La Place, 1983-1984, Une femme, 1987, La Honte, 1997, La Vie extérieure, 2000, Se perdre, 2001, L'Occupation, 2002, Les Années, 2008...

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