Episode N°6 Ce que cache un immeuble si discret.
Résumé: Résumé des 4 épisodes précédents: Reine, la narratrice, travaille pour une agence immobilière dans un coin paumé de la France profonde. En faisant visiter une ruine de style à un acheteur potentiel, voilà ledit acheteur qui dégoise sur caves des histoires à faire saillir les poils des bras. Ce sont d'après lui, des lieux pas recommandables et qui ne contiennent pas que de dives bouteilles… On y trouve du cadavre décomposé, voire du squelette racorni. Ceci rappelle à Reine une histoire de son enfance. Elle nous fait découvrir le 26 de la rue G. et ses pittoresques habitants. Les Palu, concierges polonais, le fils Palu, voyou séduisant, les commerçants typiques de cette époque. On est en 1956 au moment de la Guerre d'Algérie.
Au premier étage de son immeuble habitent les D., une famille tout ce qu'il y a de bien. Monsieur est assureur, coureur de jupons quand ça se présente, et Madame pas commode. Faut dire qu'elle fut élevée dans un couvent. Elle est pourtant gironde Madame D. pas farouche avec le fils Palu qui la pelotte aux boîtes aux lettres. Ils hébergent la belle-mère, La folle qui déclame des tirades classiques dans le logement et qui a des trous de mémoire… Reine est obligée de l’aider. Faut dire que la pauvre vieille a mené une vie bien remplie du temps du Tonkin, des lupanars, des lanternes rouges. Elle a même eu sa propre maison de rendez-vous. Tout ça a pris fin avec l’occupation. Au deuxième étage on trouve à droite les L., monsieur Henri sa femme et ses deux mômes. Monsieur Henri a la faveur de la mère de Reine, il est aussi un peu voleur de fil électrique ce qui vaut la venue des flics pour une perquisition. Ils sont présentement entassés les uns sur les autres pour tenter de monter dans grenier de l'immeuble sans échelle.Ils ont finis par quitter l'immeuble furibard.
Ensuite Irène a présenté les V. de peu recommandables sujets… et surtout les jeudis de plaisir partagé avec leur petite fille Agnès. Nous avons quitté Irène après qu'elle ai eu la visite de deux types en imperméables mastic qui ont fuit dans une traction avant noire lorsque Brigitte s'est mise à gueuler au secours à la fenêtre. Ce qui bien entendu avait ameuté toute la rue!
Ramdam en règle le jeudi soir de la traction
avant !
Furie lâchée par Belzébuth, ma mère m’alpague durement par le col de ma liquette, jusqu’à ce que je lui livre ce qui s’est passé ici. Toute résistance est inutile, je me mets à table et ça bien avant le repas ! Une tarte pour l’histoire d’Agnès, une autre pour les cris de Brigitte qui avaient alarmé le quartier et détruit la réputation de toute notre FAMILLE (les majuscules illustrent l’intonation particulière de ma daronne).
Furie lâchée par Belzébuth, ma mère m’alpague durement par le col de ma liquette, jusqu’à ce que je lui livre ce qui s’est passé ici. Toute résistance est inutile, je me mets à table et ça bien avant le repas ! Une tarte pour l’histoire d’Agnès, une autre pour les cris de Brigitte qui avaient alarmé le quartier et détruit la réputation de toute notre FAMILLE (les majuscules illustrent l’intonation particulière de ma daronne).
Je termine la soirée au lit, ventre vide. Ma pile
électrique sous les draps, la lecture de Flaubert me console… Emma Bovary est
bien plus malheureuse que moi dans ses amours contrariés.
Conciliabule maman-papa autour du potage vermicelle.
Mon père , homme simple, est bon. Il ne voit jamais le mal nulle part. Il
rigole, ma mère gueule : «Tu n’es qu’un bon à rien de marbrier
juste capable de graver ‘’ Regrets Eternels ‘’ … on ne peut pas
compter sur toi, patati patata… Je vais demander conseil à Monsieur Henri.»
Ce à quoi mon père conciliant répond : « Tu as bien raison Paulette,
question police et perquisition, il en connaît un rayon... » La phrase reste
sans suite, il n’a pas le temps d’ajouter un mot, déjà le saladier a volé en
éclats…
Tout ça à cause de deux sbires en imperméable qui
ont crié : « Police, ouvrez ! » Je ne suis même plus sûre
qu’ils aient dit police… Ils ont peut-être juste frappé à la porte, et dans le
feu de l’interrogatoire d’Agnès, nous on a entendu Police… on a extrapolé, enjolivé, exagéré le danger. Va savoir, c’est
fragile le témoignage humain. Pour t'en convaincre lecteur, lis donc "Cours , la vie t'appelle de Boris Cyrulnik". Mais je ne suis pas là pour jouer au conseiller littéraire. J'ai déjà de la peine à me faire lire moi-même...
Le lendemain en rentrant de l’école, ma mère
m’entraîne au commissariat porter plainte pour violation de domicile.
L’inspecteur qui nous reçoit c’est celui qui servait de base à l’édifice
fragile de flics qui ont tenté d’ouvrir la trappe du grenier… Souvenez-vous… La
persisition chez les Henri… (épisode 4). Je sais, ça fait un bout de temps. Mais faites un
effort, je ne peux pas tout redire à chaque fois, lecteur adoré.
Son oeil exercé reconnaît mon emmerdeuse de mère. En représailles, il nous laisse
poireauter une bonne heure, voire davantage, dans l’odeur fade de bière rance et de gras de
jambon.
Ensuite, après vérification, il confirme qu’auncun policier digne de ce titre ne s’est présenté la veille au 26 de cette rue sans nom de cette ville sans nom, ville de la banlieue rouge d’avant la fièvre du béton…
Ensuite, après vérification, il confirme qu’auncun policier digne de ce titre ne s’est présenté la veille au 26 de cette rue sans nom de cette ville sans nom, ville de la banlieue rouge d’avant la fièvre du béton…
Il refuse d’enregistrer notre plainte de violation au
motif qu’il n’y a pas eu pénétration ! A ce mot le sang de ma mère –
institutrice en école libre - ne fait
qu’un tour et je vois poindre les ennuis, si comme je l’imagine elle projette
de lui filer un coup de latte dans les tibias. Il voulait dire que ces gusses
n’étaient pas entrés dans l’appartement, ça n’avait rien à voir avec ma (petite)
vertu ! Par bonheur, il s’est reculé à temps et le pied de ma mère a juste
heurté la table. Elle repart en boitant la fumée aux nasaux. Elle est comme ça Paulette, soupe au lait !
Qui sont les sbires en imperméable ?…On n'en sait toujours que pouic !
Il faudra attendre encore quelque temps pour
apprendre qu’ils appartiennent au KGB et que c’est au fils Palu qu’ils en ont…
Patience on va en reparler.
Suivez-moi
maintenant, on monte au troisème étage. L‘appartement des disparus… feu
les K.. Appartemant occupé par les H.-F.. Ma mère n’a jamais parlé de ces
cocos-là (coco a un double sens dans notre banlieue rouge) qu’en termes
méprisants, disant ‘la mère H. et de ce gommeux de F., ou bien englobant
l’homme et la femme dans un même opprobre, ‘les Collabos’.
Après la guerre, les Collabos ont continué à exercer leur petit emploi de petits bureaucrates à l'Etat civil de la mairie de la ville sans nom de cette…etc... La mère H. après diverses manigances a même finit par devenir secrétaire générale, poste nécessitant à l’époque d’avoir sa carte du Parti et de l'entregents, (ne pas confondre avec de l'entrejambe qui signifierait tout autre chose, l'orthographe c'est beau quand même).
Mon père aux repas dominicaux, après un ou deux verre de Morgon, ne manquait jamais une occasion de dire à leur propos « Voilà de bons vivants qui ont passé l’arme à gauche ». A part les V. et la famille Palu (fonction oblige) personne ne leur adresse la parole. Une sorte de tacite ostracisme (un peu virelangue, non ?). Pour le plaisir, dressons le portrait des cocos. Fidèle, le portrait, juré craché.
Après la guerre, les Collabos ont continué à exercer leur petit emploi de petits bureaucrates à l'Etat civil de la mairie de la ville sans nom de cette…etc... La mère H. après diverses manigances a même finit par devenir secrétaire générale, poste nécessitant à l’époque d’avoir sa carte du Parti et de l'entregents, (ne pas confondre avec de l'entrejambe qui signifierait tout autre chose, l'orthographe c'est beau quand même).
Mon père aux repas dominicaux, après un ou deux verre de Morgon, ne manquait jamais une occasion de dire à leur propos « Voilà de bons vivants qui ont passé l’arme à gauche ». A part les V. et la famille Palu (fonction oblige) personne ne leur adresse la parole. Une sorte de tacite ostracisme (un peu virelangue, non ?). Pour le plaisir, dressons le portrait des cocos. Fidèle, le portrait, juré craché.
La mère H. a les cheveux gris souris, une indéfrisable en
forme de mouton bêlant et un gros cul. Elle porte des tailleurs, jupe plissée caca d'oie,
veste à rabat assortie, qu’elle recouvre, les jours de ménage à fond, d’une blouse à
fleurettes mauves (qu’on ne trouve plus guère aujourd’hui que dans le catalogue
Damart/Quelle ou qu’on achète 1,00 euro au vestiaire de l’ABIPAC dans mon
village).
Elle noue aussi un fichu sur sa tête, écrasant un tantinet le mouton. Les jours de pluie elle protège sa touffe (de cheveux) d’une ‘capuche de pluie’ sorte de sac accordéon en plastique transparent que les femmes des années 50-60 dépliaient sur leurs frisettes par temps d’eau. Moins encombrant mais moins élégant que le joli parapluie de Madame D.
Elle noue aussi un fichu sur sa tête, écrasant un tantinet le mouton. Les jours de pluie elle protège sa touffe (de cheveux) d’une ‘capuche de pluie’ sorte de sac accordéon en plastique transparent que les femmes des années 50-60 dépliaient sur leurs frisettes par temps d’eau. Moins encombrant mais moins élégant que le joli parapluie de Madame D.
Monsieur F. est un petit monsieur, petit au sens de "étriqué". De taille moyenne, corpulence moyenne, yeux moyens,
intelligence moyenne, mais grand pouvoir de nuisance (cf. les K…). Il semble toujours être à la remorque de sa grosse dame.
Il porte des costumes gris assortis aux cheveux de sa concubine car la mère H. et le père F. vivent dans le péché. Double génuflexion devant le Chrsit roi ! Ses chaussures en daim marron (pas celles du Christ, faut suivre) jurent énormément avec le reste, car il a les pieds fort grands et des feux de plancher. De là à penser qu’il a tiré vengeance de tous les tailleurs sur les K… il n’y a qu’un pas que j’ose franchir, faute de savoir le vrai motif de la dispartion de cette famille que ma grand-mère (bretonne et athée, mais oui ça existe j’en connais d’autres) aimait tant.
Il porte des costumes gris assortis aux cheveux de sa concubine car la mère H. et le père F. vivent dans le péché. Double génuflexion devant le Chrsit roi ! Ses chaussures en daim marron (pas celles du Christ, faut suivre) jurent énormément avec le reste, car il a les pieds fort grands et des feux de plancher. De là à penser qu’il a tiré vengeance de tous les tailleurs sur les K… il n’y a qu’un pas que j’ose franchir, faute de savoir le vrai motif de la dispartion de cette famille que ma grand-mère (bretonne et athée, mais oui ça existe j’en connais d’autres) aimait tant.
Le couple de coco concubins ( pas facile à dire) aimait à parader,
régenter, faire la loi… Ils usaient et abusaient du tableau d’affichage du
couloir. Des affichettes commençant souvent par « Prière de…. »
Ensuite venaient selon les saisons : s’essuyer les pieds, bien refermer
les poubelles, balayer devant sa porte, secouer son pallaisson, ne pas stationner
dans le couloir, nettoyer les boîtes aux lettres, ne pas laisser des enfants
inconnus monter dans les étages (et toc ! Les concierges, faites votre boulot ou bien on vous renvoit en Pologne rouge), fermer la porte de la cave à clé - ce qui
nous le verrons aurait évité bien des drames.
Le bruit a couru, c’est fréquent pour un bruit, que les Collabos auraient été à l’origine de la perquisition
chez les Henri. Plausible, puisque Monsieur Henri (tenu par ma mère pour être un
saint laïc - car il savait susurrer à l'oreille des dames-) travaillait aussi « à la ville ».
Fallait voir l’ambiance les soirs de réunion des
copropriétaires. Je n’y assiatais pas mais j’en ai entendu causer !
En face des Collabos, on avait l'appartement de la famille M.
Des sourds et muets que nous appelions, elle, La Muette et lui, Le Sourd.
Je vous en toucherai deux mots au prochain épisode...
Je vous en toucherai deux mots au prochain épisode...
Si personne ne laisse de commentaire, je vais arrêter d'écrire. C'est pour les autres que je le fait.
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