La phrase du jour

“"Si le théâtre oublie le monde, le monde finira pas oublier le théâtre". Bertolt Brecht



mardi 27 octobre 2015

Entre le diable et la mer bleue profonde

A Anduze, Samedi 7 Novembre à 20h30

Salle Escartefigue 1er étage des Casernes rue Pélico.

avec
Le Visiteur : Michel Caron 
Christopher : Yan Liger  
Marylou : Isabelle Rousselle  
Williams : Julien Reboul


Cette pièce met en scène 4 personnages. Le Visiteur, Christopher, Marylou et Williams. Les trois derniers ont travaillé ensemble, un temps,  au service du premier dans une baraque foraine « Le cabinet du Docteur Gorilla ». Et puis tout s’est disloqué. Jusqu’au moment où, un an après, le Visiteur les réunit à nouveau dans un endroit sinistre qu’il souhaite animer avec un projet d’un genre assez particulier. Et tout se disloque à nouveau.
La pièce commence deux mois après cette seconde dislocation. Le lieu dans lequel la pièce se déroule est cet étrange lieu, sorte de parc d’attraction abandonné, dont Christopher est le gardien, autour duquel gravite une population misérable qui n’est pas sans rappeler les pauvres des favelas.
Le Visiteur exerce avec cynisme un pouvoir sur les autres, pouvoir que lui confère l’argent, en particulier sur Christopher qui a accepté de lui vendre sa mémoire contre un salaire. Il décide donc des souvenirs – de l’espace de mémoire - auxquels Christopher a le droit d’accéder et que la pièce nous donne à voir sous forme de flash back qui s’intercalent avec le présent.
Nous revivons avec Christopher quatre moments de son passé :
- Sa rencontre avec Le Visiteur au cours d’un jogging
- La dernière représentation de l’attraction foraine Le cabinet du Dr Gorilla
- Le voyage qui le conduit jusqu’au parc où il se trouve actuellement
- Le dévoilement des projets du Visiteur quant au lieu.
Je ne vous en dis pas davantage.

Note de la metteuse en scène, Louise Caron.

Comment acheter la mémoire de quelqu’un, me direz-vous. C’est techniquement impossible. Nos souvenirs sont là, enfouis dans notre cerveau, sous les os de notre crâne.  Bien malin celui qui peut y avoir accès, et d’abord pour en faire quoi ? C’est de la science-fiction.
Ma réponse commence par une question : Ne vous est-il jamais arrivé de raconter un événement auquel vous n’avez pas assisté, d’en rapporter la version officielle sans questionnement sur la vérité contenue dans celle-ci que vous tenez pour vraie et que vous faites vôtre ? Notre « mémoire » ne se souvient pas forcément des faits bruts mais de l’histoire qui nous en a été contée voire rabâchée, des images qu’on a emmagasinées, assimilées.
Une deuxième question : Qui d’entre nous n’a jamais été démarché par de la publicité ciblée sur son écran d’ordinateur immédiatement après avoir consulté des notices de produits sur Internet, avoir cherché le prix d’un pull, d’un téléviseur, d’un réfrigérateur ?
La mémoire (« l’historique ») de nos trajets sur Internet ne nous appartient pas, elle est récupérée, vendue à des « marchands » et exploitée sans que l’on puisse intervenir. Je viens de lire que le nagivateur Fire Fox préparait une nouvelle version qui permettrait de déjouer cette traque. Reste à voir si cela sera possible.
Enfin une dernière question : Que deviennent nos données personnelles – intimes - une fois collectées, que deviennent nos interventions, nos photos sur les réseaux sociaux ? Ephémères, elles s’évanouissent pour laisser la place à d’autres. Mais ont-elles disparues pour autant ? Non, elles sont stockées, analysées, utilisées, revendues, triées. Le réseau nous propose de temps à autre « une tranche de mémoire » en exhumant un de nos « souvenirs » d’il y a un ou deux ans, ou bien il choisi pour nous de proposer un récapitulatif des moments marquants de notre année… Est-on si loin de la situation de Christopher ? 




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