La phrase du jour

“"Si le théâtre oublie le monde, le monde finira pas oublier le théâtre". Bertolt Brecht



samedi 16 janvier 2016

Les 5 livres qui ont marqué ma vie

Je relève le défi. 

C'est tendance de se livrer à une sorte d'introspection littéraire. L'émission la Grande Librairie l'a inauguré en 2014 et continue de poser la question aux libraires.
Cependant, l'exercice est redoutable, il y a tant de livres qui m'ont marquée, poursuivie, compagnons de route et de déroute. Leurs mots sont chevillés à moi et c'est à eux que je dois d'être ce que je suis.
Je vais tricher et en donner davantage, une vingtaine pour faire court. Ce qui caractérise mes lectures : elles sont éclectiques.

D'abord l'enfance. 

L'enfance c'est si loin et si proche en même temps. Chez moi nous allions à la bibliothèque parce que le salaire de mon père n'aurait pas suffit à acheter tous les livres que nous dévorions en famille. Mes cadeaux n'étaient jamais autre chose que des livres.
A commencer par des dictionnaires, les deux tomes du Larousse Universel que j'emporterai un jour sur une île déserte.
On m'offrit la Vie de Jean Rostand qui m'a passionnée à un âge où mes copines lisaient le Club des cinq. Je me souviens de l'étonnement du libraire/papetier de notre quartier disant à mon père devant ce choix tellement insolite : "Vous êtes certain qu'elle a bien compris de quoi il s'agit.".

Les contes du chat perché de Marcel Aymédont j'ai lu plus tard avec délectation tous les romans; les meilleurs étant pour moi La vouivre et La jument verte.
Delphine et Marinette, le chat et le loup, me dévoilèrent la cruauté du monde, la ruse, la roublardise, et aussi la tendresse.

Madame Curie par Eve Curie. dans l'édition condensée de la bibliothèque verte. En lisant ce bouquin, je m'étais imaginé en blouse grise dans un laboratoire sombre de la rue d'Ulm... l'avenir m'y a projetée en chair et en os avant que je ne préfère la scène à la paillasse.



L'Adolescence


Le temps des rêves et des premières amours. Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell pour la romance. À l'époque je ne distanciais pas du tout, j'aimerais et je souffrais avec Scarlett. Mes jupes plissées se gonflaient de crinoline. Pile dans l'identification, le temps d'une lecture... ça fait du bien.

Je découvre le roman social avec Martin Eden de Jack London et aussi dans la trilogie de Vallès, L'enfant, le Bachelier L'insurgé.
Là encore, je vibre avec Jacques Vingtras dans un Paris qui commence déjà à s'embourgeoiser.

La Chronique des Pasquier de Duhamel que j'ai relu une fois tous les dix ans ainsi que les commentaires au crayon dont j'avais noircis les marges.
Des romans plus modernes, plus sulfureux "L'huile sur le feu" ou "Qui j'ose aimer" de Bazin.
Je lis de la poésie dont je ne citerai que Blaise Cendras:
La nuit monte de l'eau et encercle lentement tout l'horizon
Puis le ciel s'assombrit à son tour avec lenteur
Il y a un moment où il fait tout noir
Puis le noir de l'eau et le noir du ciel reculent
Il s'établit une transparence éburnéenne avec des reflets dans l'eau et des poches obscures au ciel
Puis le Sac à charbon sous la Croix du Sud
Puis la Voie lactée.


Je découvre le théâtre à la Comédie Française, à Sarah Bernhardt - les matinées classiques du jeudi - et au Théâtre de la commune à Aubervilliers, là c'est du contemporain. Je tombe dans la soupe racinienne et le théâtre Grec. Antigone de Sophocle devient l'icône de mes 14 ans rebelles. En revenant de Stratford sur Avon, je lis le Marchand de Venise de Shakespeare. J'en garde l'envie de lire toutes ses pièces, ce que je ferai bien plus tard.




On m'offre mon premier Nathalie Sarraute: Le planétarium. Je découvre cette écriture économe, musicale et à la fois fluide et fragmentée, dépoussiérée de l'académisme des romans que j'ai lus jusqu'ici. Depuis j'ai dévoré tout ce qui est paru d'elle, dont son splendide théâtre, la plus belle pièce étant Pour un oui pour un non et Les fruits d'or, mais aussi le silence, texte que j'ai adapté pour la scène.

Une  prof de français nous présente L.F. Céline comme un écrivain maudit, immédiatement je me précipite pour le lire. Je commence non pas par le Voyage, que je ne lirai qu'adulte, mais par Guignol's band qui m'enchante. Et puis tant qu'on est chez les crapules, je lis dans la foulée Darien, le Voleur.



Il y a aussi pour alimenter mes rêves, Vian, l'herbe rouge, l'arrache-coeur, j'irai cracher sur vos tombes...
La philosophie m'enchante par les questions qu'elle soulève et les réponses qu'elle tente d'apporter aux mystères de la vie et de l'esprit. Parmi les ouvrages grand public, Ainsi parlait Zarathoustra. Nietzsche est resté un de mes meilleurs compagnons de route. Mon bâton de pèlerin.

En marche vers l'âge adulte

Quand passe-t-on de l'adolescence à l'âge adulte? Je ne saurais tracer précisément la frontière.
Disons que je vais citer maintenant des lectures d'après la scolarité.
Je me défoule avec des auteurs faciles je me souviens bien d'Alphonse Boudard: L'hôpital, La cerise.. quelques séries noires, des Manchette.
Je suis touchée par la poésie sans apprêt de Gaston Couté, La chanson d'un gas qu'à mal tourné, que je n'ai cessé de lire et d'écouter.

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On m'offre Mémoires d'Hadrien mais je lui préfère l'Oeuvre au noir de Marguerite Yourenar dont je ne cesse de relire l'ensemble des romans et nouvelles. Le délicat Alexis ou le traité du vain combat.

Je découvre Orwell assez tardivement (1984 et la ferme des animaux) puis lorsque Champs libres les publie ses autres ouvrages dont le magnifique Hommage à la Catalogne.

Et les romans de Simenon.




Tous les deux, Orwell et Simenon, m'ont marquée fortement de leur empreinte. Orwell pour sa vison lucide du monde et Simenon pour sa capacité à décrire les microcosmes. Je le rapproche en cela du cinéma de Claude Chabrol.

Parmi les auteurs étrangers qui me sont chers je citerai Heinrich Böll "Portrait de groupe avec Dame"

Coetzee. le roman que j'ai lu en premier et que je tiens pour le meilleur "Disgrâce" aussi Paul Auster et sa Trilogie new-yorkaise. J'ai le coeur fendu en deux d'avoir dû laisser de côté tant d'autres auteurs et de livres, mais une nuit ne suffirait pas à les énumérer.




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