La phrase du jour

“"Si le théâtre oublie le monde, le monde finira pas oublier le théâtre". Bertolt Brecht



vendredi 28 mars 2014

Le salon du livre de Paris... Et après, 10 questions au Directeur des Editions Aux Forges de Vulcain.


Cette année l'Argentine était à l'honneur au SLP avec une cinquantaine d'écrivains parmi les plus représentatifs de la littérature de ce pays. C'était aussi  l'occasion de fêter le centenaire de la naissance de Julio Cortázar, figure emblématique de la littérature argentine de la seconde moitié du XXe siècle et auteur du livre culte Marelle, qui a longtemps vécu longtemps à Paris.


A ma question pourquoi va-t-on au SLP?  Un ado plein de bon sens m'a répondu ceci : 
"Bah, on y va pour découvrir des nouveaux livres, des BD, des trucs qu'on kiffe quoi! "
Il n'a pas ajouté "Banane" mais c'était sous-entendu dans le regard attéré qu'il m'a lancé. D'une pierre deux coups, j'avais une réponse à ma question et elle détruisait le cliché de l'ado débile collé à la téloche ou éparpillé dans la virtualité des jeux sur son ordinateur. 

Oui les ado lisent encore et c'est tant mieux.

Donc je tenais la réponse: découvrir de nouveaux livres. 
Seulement des livres il y en a des centaines de milliers. Comment découvrir sur les stands, au milieu de toutes ces couvertures, ces résumés, ces pages noircies de mots, la perle rare ? 

Il y a les étalages des éditeurs qu'on nomme GRANDS pour signifier qu'ils publient beaucoup d'ouvrages. "Beaucoup" signifiant un pourcentage infime par rapport au nombre de manuscrits qu'ils reçoivent (note à l'usage des "écrivants", sauf si tu es un prodige de la plume, tu n'as qu'une infime chance d'entrer dans leur écurie).


Sur ces stands, tu retrouves ce que tu as déjà feuilleté chez ton libraire préféré, le Goncourt, le Renaudot, le Fémina... Bien sûr tu peux te les faire dédicacer par les auteurs qui sont là face à toi en chair et en os, bourrés d'anti inflammatoires pour soigner la crampe au poignet.
Parfois, il y a quelques mots échangés, une photo des enfants dans les bras d'Amélie, mais comme la file d'attente est longue... ça ne peut guère se prolonger. La popularité d'un auteur se mesure ici au mètre. Parfois et ça fait de la peine, l'auteur est seul devant sa pile de livres, en train de bailler. Il rêve d'être sur une île déserte, ce qui n'est pas loin d'être le cas.


Du coup changement de cap, on se dirige vers les stands des autres éditeurs, des courageux qui investissent leur temps et leur chemise pour l'amour de la littérature. Et là, Ami, tu découvres des merveilles. Tu entres dans le monde des PETITS éditeurs. Petits par la taille mais pas par l'ambition.

J'ai posé à l'un d'entre eux, directeur des Editions Aux forges de Vulcain (née en 2010, les éditions, pas le directeur). Cet homme s'appelle David Meulemans, c'est un passionné comme l'ensemble de son équipe. Un novateur qui a créé un logiciel gratuit DraftQuest, accessible sur le NET dans le but d'aider les écrivains en herbe à sortir de la procrastination. 
Il anime aussi sur la plateforme NEODEMIA, la deuxième session d'un MOOC  "Ecrire une oeuvre de fiction" pour guider dans l’écriture d'un premier jet de roman, aussi bien des débutants que des écrivains confirmés. 







Parallèlement au cours, les écrivants peuvent utiliser le logiciel, DraftQuest
Ce MOOC rencontre un grand succès avec près de 1000 participants pour la version 2 (qui se déroule en ce moment) 


Le premier MOOC a permis Aux Forges de Vulcain d'éditer en financement participatif un livre/guide qui sortira en Avril " Oser écrire son premier roman, en 10 minutes par jour ". Comme l'auteur le dit lui-même, c'est une fiction mais comme disait Cocteau, "Je suis un mensonge qui dit toujours la vérité".

Le catalogue des Forges propose plusieurs collections de livres soignés 
Des essais
De la littérature
Des livres se rapportant aux Sciences et à l'Art.
Et des livres numériques




Voici  les réponses de David Meulemans aux dix questions que je lui ai posées à la suite du SLP.

1- Quel est l’intérêt pour une jeune maison d’édition d’être présente au salon du livre de Paris ?

David Meulemans : Le Salon du Livre est une grande librairie, qui accueille beaucoup de lecteurs – et, paradoxalement, beaucoup de ces visiteurs ne sont pas de gros lecteurs. Pour les Editions Aux forges de Vulcain, c’est l’occasion de présenter leurs ouvrages à des personnes qui, sans cet événement, ne l’auraient pas remarqué.


2- Quelles retombées en termes de ventes, en termes de communication médiatique…

D. M. : C’est difficile de mesurer cela, mais le salon est souvent l’occasion d’établir une relation forte avec les nouveaux lecteurs : le salon leur permet de donner figure humaine aux éditeurs, et de s’attacher à une maison, plus qu’à des livres particuliers. Ces lecteurs deviennent souvent des familiers des Forges, dont ils attendent les nouveautés. En termes de médiatisation, le Salon du livre n’est pas un événement très important pour nous.

3- Quel type de public passe au stand des Forges ?

D. M. : C’est un public d’habitués et un public de curieux. Souvent, les titres ou les couvertures les intriguent. On les laisse flâner dans notre étal, prendre les livres, les retourner, examiner les résumés. Puis, après quelques minutes, nous engageons la conversation. Parfois, un seul titre retient leur attention, d’un auteur qu’ils connaissent, mais ne connaissent pas le livre que nous publions de lui. Ainsi, certains lecteurs connaissent William Morris, le décorateur de l’époque victorienne, mais ignorent qu’il fut aussi romancier. Même s’ils n’achètent pas un livre, les lecteurs repartent au moins avec le souvenir d’une conversation agréable.

4 -Y a-t-il un public particulier pour les livres publiés par vos éditions ?

D. M. : Non. Nous désirons nous adresser à un large public. Nous veillons donc à produire des textes à la fois populaires et pointus. Si bien que nos lecteurs sont, pour la plupart, de gros lecteurs, mais on trouve toutes sortes de gros lecteurs !

5- N’y a-t-il pas une monopolisation des visiteurs par les grandes maisons et leurs auteurs vedettes au détriment des petits éditeurs et des auteurs inconnus ?

D. M. : Je dirais plutôt que les grandes maisons travaillent, bien malgré elles, pour les petites. Ce sont les grosses maisons qui font venir le public mais, bien souvent, ce public en profite pour découvrir d’autres maisons, d’autres auteurs. Bien plus, de nombreux lecteurs, face à l’impression de supermarché que ne manque pas de produire, parfois, le Salon du livre, sont contents de s’éloigner des grandes allées pour aller découvrir d’autres maisons, plus confidentielles, mais plus intéressantes.

6- Quel est le sens d’un salon du livre aujourd’hui dans le contexte du développement du numérique ?

D. M. : Le salon est principalement le Salon des éditeurs. Le travail d’un éditeur, c’est le texte. Que le texte soit diffusé sous forme imprimée ou numérique ne change pas grand-chose. Les deux formats cohabitent de mieux en mieux et le Salon fait une part de plus en plus étendue au numérique.

7- Est-ce que les Editions Aux Forges de Vucain encouragent leurs auteurs à participer à des salons du livre au cours de l’année ?

D. M. : Oui, nous convions certains auteurs sur nos salons. Nous essayons de les amener à la rencontre des lecteurs, tout en veillant à les ménager. Il y a des auteurs qui sont timides : nous ne les forçons pas. Et il y a des salons où les visiteurs sont peu intéressés par les dédicaces. Donc, dans ces salons, nous n’emmenons pas d’auteurs. Au Salon du livre de Paris, nous avions convié François Szabowski, qui, non content d’être un fantastique romancier, est une personne très agréable et très drôle – si bien que les lecteurs et lectrices ont été nombreux à venir le trouver.

8- Un seul mot pour qualifier le salon du livre de Paris.

D. M. : Stimulant.

9- Quel avenir pour le livre papier à l’horizon 2020 ?

D. M. : Le recul du papier devrait continuer. Pour se stabiliser. Il est difficile de savoir à quel niveau. 70% du marché du livre ? Un peu plus ou un peu moins.

10- Que faudrait-il inventer pour rendre le livre numérique moins abstrait ? En faire un objet aussi attractif que le livre papier pour les amateurs ?


D. M. : De notre côté, nous diffusons certains livres papier sur de jolies cartes postales, assorties de clefs USB contenant le fichier ePub du livre. Cela intéresse les lecteurs, qui peuvent ainsi rematérialiser le livre. Après, si l’on parle uniquement du fichier, un ePub peut être bien fait et beau, avec une belle couverture et des choix graphiques intelligents. Cela dit, je pense que le papier conservera encore longtemps un charme inégalable.

Merci à David de s'être prêté au jeu dans une période aussi chargée. Pour en savoir plus

Je vous engage, chers lecteurs de ce blog, à aller consulter le catalogue des Forges et aussi sa page Facebook









6 commentaires:

  1. Je lis dans mon lit 365 soirs par an, je n'imagine même pas ne plus sentir l'odeur du papier.
    Grofiloo, MOOCer

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    1. Je suis d'accord avec toi. J'aime sensuellement les livres et je ne peux pas imaginer que ces sensations disparaissent au profit de la froideur d'un écran.
      C'est le genre de réflexion qu'il faut faire passer aux éditeurs

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  2. Je lis aussi - pas assez - sur liseuse, mais j'aime bien le contact physique, et visuel, du papier.
    Super ton interview, et avec des réponses qui mettent à l'honneur la passion.

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    1. Je n'ai pas de liseuse, je lis parfois sur écran. Je n'aime pas ça. Contente que cette ITW mette en valeur les Eds Aux Forges.

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  3. Bonjour Louise,
    J'aime, comme beaucoup, le contact du papier mais mes yeux et leur astigmatisme ont fait qu'au fil des années, faute aux caractères trop petits et au prix astronomique de certaines éditions, mon goût pour la lecture s'était tari.
    Depuis que j'ai découvert la liseuse d'un certain site américain (comme je lis beaucoup en anglais), je n'ai jamais autant lu. A présent je peux passer des heures entières à dévorer un roman sans mal de tête. De plus, une liseuse ne prend pas de place, n'est pas lourde, est plus maniable qu'un gros bouquin, et elle ne quitte pas mon sac à main (sauf pour me rejoindre dans mon lit...); aujourd'hui ma bibliothèque virtuelle est composée de plus de 600 livres et elle tient dans ma main.
    Là raison pour laquelle je ne lis presque qu'exclusivement en anglais à présent, outre mon amour de la langue de Shakespeare, est que chez les anglo-saxons il y a une réelle différence de prix entre l'édition papier et celle numérique, ce qui permet un accès plus facile aux différents ouvrages.
    En conclusion, je suis une grande "fan" des liseuses. En revanche il m'est insupportable de lire sur les autres écrans qui font très mal aux yeux.

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