La phrase du jour

“"Si le théâtre oublie le monde, le monde finira pas oublier le théâtre". Bertolt Brecht



dimanche 30 juin 2013

Mes lectures du moment


L'appel de la rivière de Ketil Björnstad 

Ed. Le Livre de poche (2008)


Résumé, Le jeune Aksel Vinding a été bouleversé par la mort de son grand amour d’adolescence : Anja Skoog. Au moment où il doit faire ses débuts en public, il  se met à douter de tout. De sa future carrière de pianiste, de sa capacité à surmonter le chagrin.
Il devient par le hasard d’une petite annonce le pensionnaire de Marianne Skoog, la mère d'Anja. Il va vivre désormais dans la maison où le père d’Anja s’est suicidé et où son amour est morte. Il répète sur le piano d’Anja, en pensant à elle et fasciné par Marianne, sa mère, fruit défendu, amour tabou. Il ne faut pas en dire plus afin de préserver la découverte du roman.


Extrait : J’observe le piano à queue dans le salon en songeant tout à coup que l'instrument se dresse entre le monde et moi; que je me suis noyé en lui et ai à peine survécu à cette noyade, moi qui suis censé transmettre un message important sans pour autant que je sache tout à fait si le message de la musique est important. Je suis pour la énième fois saisi par une soudaine incertitude quant à la justesse de mon choix: je me demande à nouveau si je veux vraiment devenir musicien, si je peux avoir aux yeux des gens autant d'importance que Marianne en a eu pour ses patientes parce qu'elle est, elle, en permanence impliquée corps et âme dans ce qu'elle fait, parce qu'elle a un devoir social et une vision politique.




Mon Avis : Ce livre fait suite de la Société des Jeunes Pianistes. Nous retrouvons Askel le jeune pianiste prometteur du premier tome dans les tourments du deuil aux prises avec une passion pour une femme plus âgée. Cet amour est difficile à vivre même dans les années '70, l'idée d'interdit étant sous-jacente à ce genre de relation, en particulier quand la différence d'âge est en défaveur de la femme. Rappelez-vous l'histoire (vraie) de Gabrielle Russier ! Comme le premier tome, encore davantage peut-être, c’est un roman sur les choix existentiels, les dilemmes moraux (Askel a une prédilection pour les situations compliquées, parfois morbides, est-ce lié à la mort de sa mère ?). Ce livre est aussi une réflexion sur la place de l'art dans la vie. Mais c'est surtout un roman sur l’amour non raisonnable et le chagrin, l'auteur a su éviter de rendre scabreuse la relation entre Askel et Marianne. Evidemment, on pressent que ça finira mal, mais on espère à chaque page que la raison l’emportera sur les sentiments ou que d’un coup de baguette d’une bonne fée, la vie pourrait se montrer clémente pour les protagonistes. Mais on ne fait pas de littérature avec de la mièvrerie de roman-photo et L'appel de la rivière bien que sentimental et romantique n'est pas dans cette veine-là. On serait plus proche du roman épistolaire de Goethe, Les souffrances du jeune Werther.
Ce roman est dense, musical, écrit, ne l’oublions pas, par un pianiste virtuose qui a le sens du rythme. On change de tempo en fonction de l’action et des sentiments. C’est assez souvent Largo sans être ennuyeux.
L’auteur n’est pas minimaliste dans son style, au contraire, il décrit à profusion mais sans saturer le lecteur de clichés. On a en bruit de fond, Malher et sa troisième symphonie, les chansons de Toni Morrissno et même des conseils post mortem de Schubert Cependant, la musique est moins présente que dans le premier volume. J’ai beaucoup aimé l’histoire, cette tristesse propre à la fin de l’adolescence, cette atmosphère des pays nordiques ou la nuit dure six mois. Deuxième essai réussi pour cette trilogie dont le troisième volume n'est pas paru.


Biographie : voir l'article à propos de La Société des Jeunes Pianistes


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