La phrase du jour

“"Si le théâtre oublie le monde, le monde finira pas oublier le théâtre". Bertolt Brecht



dimanche 9 juin 2013

A propos de SE DEPARTIR

Réponses à une interview de Christophe Gelé à propos de SE DEPARTIR





Bonjour Louise Caron, tu es l’auteure de Se départir, est-ce que tu peux nous présenter ton livre en quelques mots?
C’est une histoire de famille, il y a une mère, une fille, un fils mort, un ex-mari qui est dans le coma [...]* et beaucoup de non-dits liés à la mort et en particulier à celle de Guilhem, le fils. A partir de là s’est installé du ressentiment et Éléonore qui est la mère, le personnage de la première partie, vient à Paris à la demande de sa fille pour voir son ex-mari qui est dans le coma. Elle est bloquée à Paris par une grève des trains et à partir de là, elle va errer dans la ville, découvrir une ville qu’elle n’a pas vu depuis vingt ans et les changements rédhibitoires qui s’y sont passés avec beaucoup de misère et des choses qu’elle découvre parce qu’elle habite dans un endroit relativement protégé.
*Blanc du à la mauvaise qualité de l’enregistrement
La deuxième partie c’est Léa, la fille, qui est une fille très à vif et qui va nous parler pendant une nuit, va nous faire une confession et compléter ou démolir les éléments que sa mère nous a livrés dans la première partie.
En tant que lecteur j’ai été vraiment très touché par l’expression des sentiments. Je me suis mis à la place de cette femme en souffrance mais d’une manière qui m’a presque dérangé tellement j’ai souffert et je me suis dit que ça parlait tellement vrai qu’il devait forcément y avoir une part d’autobiographie.
Je suis désolée de te décevoir, il n’y a pas du tout de part d’autobiographie.
Sache que ça ne me déçoit nullement, bien au contraire, c’est d’autant plus fort.
Je n’aime pas beaucoup les livres autobiographiques où on livre comme ça, à nu, ses sentiments. C’est comme à la scène, il faut qu’il y ait un travail de l’imagination. Et ces personnages sont issus de mon imagination. Bien sûr, comme toujours, quand on écrit, on est confronté à des choses qu’on connait, on va puiser en soi aussi des choses, c’est à dire que les sentiments ne sont pas nouveaux. En revanche ni les situations ni cet excès, je ne les ai jamais connus.
 Tant mieux pour toi!
Un petit mot sur le style : des phrases hyper courtes, extrêmement concises, presque jamais de phrase de plus de quinze mots. C’est ton style ou c’est le style du bouquin ?
 Je pense que c’est mon style, j’aime bien la concision. Quand je lis des romans je trouve toujours qu’il y a trop de fioritures autour et que trop de mots finissent par tuer l’idée. Et puis ça vient aussi, peut-être, du style du bouquin. Il y avait une urgence à dire les choses après les avoir tues si longtemps, que ce soit dans sa tête pour la mère et encore plus pour la fille puisqu’on est dans trois jours pour la narration de la mère et dans une nuit pour la confession de la fille donc pour Léa il y avait une urgence à parler et le personnage n’est pas un personnage qui tourne autour du pot. A partir du moment où elle se livrait, elle ne pouvait se livrer que sans fard et avec des choses qui devaient jaillir.
 A propos d’expression, tu fais du théâtre, tu donnes des cours de théâtre, donc l’expression théâtrale c’est quelque chose qui te connait. Je crois que Se départir est ton premier bouquin. Qu’est ce qui fait qu’à un moment donné tu te dises :  "tiens je vais écrire un roman", est-ce que l’expression par le moyen de la scène ça te semblait insuffisant, ou tu voulais suppléer ou bien…
 Non, ce n’est pas ça, c’est que j’écris pour le théâtre depuis longtemps, j’ai même une pièce qui a été remarquée et qui a reçu un prix au mois de septembre 2012 qui s’appelle Comme un parfum d’épices dans des odeurs de menthe. J’écris depuis longtemps pour la scène et je n’étais jamais passée au roman parce que je dois être flemmarde. Ça me paraissait long, ça me paraissait prendre beaucoup de temps. D’un autre côté, l’écriture et l’expression théâtrale sont des choses complètement différentes. C’est comme un peintre qui se mettrait à écrire, on ne peut pas comparer les deux, l’écriture et la peinture sont aussi deux choses différentes. L’expression théâtrale c’est utiliser les mots des autres et agir au travers des actions données par un auteur pour donner du plaisir au public et faire réfléchir. Mais l’expression dans un roman c’est aussi une communication avec les lecteurs sauf que quand on est au théâtre, la communication est directe, le spectateur est en face de toi et il faut que tu sortes tes tripes sans avoir à aucun moment le moyen de revenir en arrière alors qu’avec l’écriture tu peux gommer, tu peux te reprendre. En fait tout le travail d’équipe qu’on fait en répétition au théâtre tu peux le faire en permanence tant que ton bouquin n’est pas achevé et que tu ne l’as pas envoyé à l’éditeur.
 J’ai remarqué aussi que tu es très présente sur les réseaux sociaux. Est-ce que tu pense que c’est indispensable quand on est un auteur en 2013 ?
 Je ne l’étais pas, justement, avant d’écrire Se départir, juste un peu pour la communication via les mails pour ma compagnie et la compagnie de Michel (Caron, son mari). On travaillait un peu avec les réseaux sociaux mais pas énormément et puis à partir du moment où on a publié, lui l’ Espingoin ( Qu’est l’Espingoin devenu ?) et moi Se départir on s’est dit que si on avait envie d’être connus, il ne fallait pas qu’on compte uniquement sur Mon Petit Éditeur, sur leur attachée de presse pour l’être parce qu’ on a très vite compris qu’on ne sortait pas chez Gallimard ou chez Actes Sud et qu’on n’allait pas être propulsés du jour au lendemain par notre éditeur dans les médias donc on s’est dit : c’est bien de communiquer, les réseaux sociaux c’est une façon de le faire.
Il y a une chose qui me gène dans les réseaux sociaux, surtout sur Facebook, c’est l’immédiateté. Ça a un côté sympathique mais ça a un côté dérangeant. Le côté sympathique c’est que tu as une communication directe et le côté dérangeant c’est que comme on est dans l’immédiateté, ce que tu as dit la veille n’est plus vu le lendemain. Il faudrait donc recommencer tout le temps ce qui est lassant pour les gens qui reçoivent tes pages mais si tu veux toucher de nouvelles personnes, si c’est paru trois jours avant plus personne n’ira les voir. Du coup je ne sais pas si c’est un bien ou un mal mais c’est une façon de communiquer moderne.
 Est-ce que tu as d’autres projets en vue sur le plan de l’écriture ?
 Oui, j’ai un recueil de nouvelles que m’a gentiment refusé Le Dilettante mais en me donnant quelques conseils et j’ai trouvé que c’était sympa puisqu’ils ne m’ont pas jetée comme ça, ils ont pris la peine de lire le livre puis de remarquer et de me faire remarquer les quelques défauts qu’ils avaient notés, qui ne sont peut-être pas les seuls dans le bouquin mais ceux qu’ils ont pris le temps de me notifier. Et du coup je suis en train de retravailler ce recueil de nouvelles.
 Donc tu es actuellement à la recherche d’un éditeur ?
 Je le retravaille et je vais le proposer cher POL. J’ai aussi un autre roman qui est en cours et qui me donne beaucoup de fil à retordre parce que je suis partie de la pièce Comme un parfum d’épice dans des odeurs de menthe et quand le jury m’a décerné le prix il y a eu une lecture, on m’a dit que c’était super, qu’il fallait en faire un scénario de film, un bouquin et puis je me me suis dit : pourquoi pas. Et c’est là que je me suis rendue compte de la différence entre l’écriture théâtrale et romanesque parce que, autant tu peux faire des erreurs en écriture théâtrale, parce que ce n’est pas gênant, c’est parlé. Autant tu ne peux pas le faire en écriture romanesque, autant il faut être documenté. Ça parle de Bagdad mais moi je ne connaissais pas grand chose de Bagdad à part la guerre en Irak et ça suffisait pour la pièce mais pas pour le roman. Du coup je me suis lancée dans une documentation assez exhaustive sur les guerres en Irak, sur l’armée américaine, sur la vie des Irakiens et la vie des Irakiennes surtout. Pour l’instant j’écris peu puisque je retravaille les nouvelle, je ne peux pas tout faire en même temps à la fois. Quand les nouvelles seront terminées je me consacrerai plus pleinement au roman.
Merci Louise, je te remercie de t’être prêtée à cet interview, je te souhaite du succès littéraire avec Se départir et par la suite également.
 Merci beaucoup et je te souhaite aussi du succès à toi.

Voir aussi le blog de C.G.  blog de Christophe.

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