La phrase du jour

“"Si le théâtre oublie le monde, le monde finira pas oublier le théâtre". Bertolt Brecht



lundi 16 septembre 2013

Mes lectures du moments

Potentiel du sinistre de Thomas Coppey, (2013)  Editions Actes Sud


Résumé : Les romans décrivant le monde du travail, ses rouages implacables, les douleurs innombrables engendrées par les fermetures de sites, les restructurations à répétition, sont légions. Un signe  des temps. C'est dans le courant du roman sociologique que s’inscrit le livre de Thomas Coppey. 
L'histoire en bref, un trentenaire, ingénieur financier dynamique et diplômé, Chanard, vient d'intégrer le Groupe, importante entreprise de produits financiers. Il est marié à une jeune femme tout aussi diplômée, Cécile, jeune, jolie et qui a sacrifié sa carrière à leur désir d'enfant. Elle décide que dorénavant sa vocation sera de tout faire pour aider à la réussite de son jeune mari.  
Chanard, ambitieux et brillant, devient rapidement manager d'une équipe et il se lance dans la conception d'un produit financier aussi novateur qu'audacieux permettant de miser des capitaux sur le risque de catastrophes naturelles. Le produit, baptisé Cat-Bonds joue sur l'équilibre fragile entre la probabilité d'une catastrophe naturelle exceptionnelle (type Katrina) et le gain que rapporte une assurance des assurances à haut risque.
Il fallait y penser : exploiter au mieux le potentiel du sinistre. Tout va bien dans le meilleur des mondes, même en cas de désastre. La fréquentation de Vautier un collègue  devenu ami, plein d'états d'âme, jugé indésirable par la hiérarchie, fait cependant entrer le grain de sable du doute dans la machine bien huilée de la logique d'entreprise. La crise, financière et psychologique se profile. Dans ce premier romanThomas Coppey développe une parabole impitoyable sur la dépossession de soi : l'illusion d'un possible épanouissement personnel dans l'accomplissement professionnel est mise à mal par la puissance aliénante de la pensée magique de l'ENTREPRISE, de son discours et de ses fausses valeurs qui s'insinuent jusque dans la sphère intime.  

Mon avis : Ce livre au premier degré  nous conduit à constater que la société capitaliste entraîne les hommes vers la déshumanisation.  Le jargon anglo-sabir qui est employé par les protagonistes de cette farce lamentable tout au long du roman est savoureux, involontairement ou non humoristique. On ne sait jamais si l'auteur adhère ou rejette le monde qu'il décrit. L'écriture est économe et fluide. On se prend à souhaiter au héros ambitieux et à sa compagne complice par amour, cupidité ou aveuglement, tous les malheurs du monde, car on ne ressent aucune empathie à leur égard, peut-être vers la fin, et encore. Le seul qui attire la sympathie est Vautier pourtant… il a tout du futur adepte d'une secte quelconque. Si on ne le préssentait pas avant, on ressort de cette lecture avec l'idée que ces gens-là, malgré tout le pognon qu'ils gagnent, mènent une vie de c.. et qu'ils menacent dangereusement l'équilibre du monde.

Biographie : Thomas Coppey est né en 1980. Il passe son enfance et son adolescence en banlieue parisienne et s’installe ensuite à Paris où il étudie les Lettres modernes et les Sciences politique, tout en exerçant divers emplois à temps partiel. Ses textes ont été publiés dans les revues Rue Saint Ambroise (2008) et Rouge Déclic (2009, 2010, 2012). Il vit depuis plusieurs années entre Paris, Beyrouth et Le Caire .





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire