La phrase du jour

“"Si le théâtre oublie le monde, le monde finira pas oublier le théâtre". Bertolt Brecht



samedi 5 janvier 2013

Mes lectures du moment


Amour et désamour de Laurent Vallerbe

Une pièce de théâtre construite sur la vie de Carson Mc Cullers déchirée  entre son amour pour James Reeves McCullers et pour Annemarie Schwarzenbach, Le personnage de cette dernière n’apparait pas dans la pièce.

Ce texte a reçu le troisème prix du concours d’auteurs du Petit Théâtre de Vallières 2012. 

Laurent Vallerbe a été co-lauréat du prix d’écriture théatrale NIACA 2012 pour sa pièce 
« La boutique de disputes ».

QUI EST CARSON McCULLERS ?

"Ma vie repose entièrement sur le travail et sur l'amour, et j'en remercie Dieu. Le travail n'a pas été toujours facile. L'amour non plus, dois-je ajouter" pour en savoir plus sur C. Mc Culler

De son vrai patronyme, Lula Carson Smith, elle abandonne une partie de son nom en 1930 pour se faire appeler Carson. Elle écrit sa première nouvelle, Sucker, à l'âge de 16 ans. Après des études à l'université de Columbia puis, à la New York University, elle publie, en 1936, une nouvelle intitulée Wunderkind et commence à travailler sur son premier roman Le cœur est un chasseur solitaire.
En 1937, elle épouse Reeves McCullers et s'installe à Charlotte, Caroline du Nord, où elle achève Le Muet. Le cœur est un chasseur solitaire est publié en 1940 : elle a 23 ans. L'année suivante, en 1941, paraît un deuxième roman, Reflets dans un œil d'or, qu'elle dédie à Annemarie Schwarzenbach, dont elle est tombée follement amoureuse1. En 1946, elle publie son troisième roman, Frankie Addams (The Member of the Wedding), rencontre Tennessee Williams et part voyager en Europe avec son mari. À la suite de problèmes de santé, elle tente de se suicider en 1947 et est hospitalisée à New York. En 1952, elle s'installe en France avec son mari, dans l'Oise, à Bachivillers. L'année suivante, elle retourne aux États-Unis après le suicide de celui-ci. Son quatrième et dernier roman, L'Horloge sans aiguilles, est publié en 1961. Elle meurt des suites d'une hémorragie cérébrale en septembre 1967.

Mon avis : Comme je suis en plein dans l'ambiance de Tennessee Williams, me plonger dans la vie de Carson Mc Cullers ne fut pas une disgression. On y trouve la même difficulté d’exister dans ce Sud profond qui a enfanté tant de grands écrivains.
Cette pièce comporte 5 personnages, les parents de Carson, Carson, Reeves et son ami Edwin.
Beaucoup d’auteurs ont mis sur scène des personnages dont on sait parfaitement qu’ils sont morts. Je ne parle pas des rois de Shakespeare, de Racine ou de la Lucrèce Borgia de Hugo qui ne connaissent pas encore leur destin funèbre lorsqu’ils entrent en scène. Il ne s’agit pas dans le texte de L.V. d’une hypothétique vie posthume comme dans Dialogues aux Enfers entre Machiavel et Montesquieu de M. Joly. Il s’agit d’autre chose.
Ce ne sont pas les vivants qui jouent. Les personnages rejouent « post mortem » (du paradis ou d’ailleurs) des épisodes de leur vie. Jean-Luc Lagarce avait utlisé ce principe dans Pays Lointain avec les personnages du « père mort déjà» et de » l’amant mort déjà. ». Dans « Comme un parfum d’épices dans les odeurs de menthe » Louise Caron mêle également dans une même scène des personnages absents ou morts aux vivants.  Dans ces deux exemples, ce qui est du domaine de l’avenir reste ouvert. 
Avec les personnages (célèbres) de Laurent, il n’y a pas de suspens, non seulement eux connaissent la fin de l’histoire mais nous aussi, puisqu’on connaît leurs biographies et leur destin tragique. Du coup, la progression dramatique en est un peu entachée.
Laurent Vallerbe structure sa pièce par "la mise en scène affichée" de cette revivance avec un côté théâtre dans le théâtre. Il l’introduit volontairement (et de façon appuyée) dans les dialogues et dans les didascalies.
Ex : P13 : Edwin : Je veux bien faire le médecin.
P 27 la mère de Carson qui est hors jeu  appelle le père qui vient de rentrer en scène Lamar ! Allons ! Reviens ici ! Tu n’es pas dans cette cette scène.
Ce procédé dynamique donne un côté comique à ces situations qui ne le sont pas, ce sont des clins d’œil mais ils se répètent. On fini par se dire que le spectateur a bien compris qu’il s’agit d’une reconstitution et qu’on pourrait se passer de ces précisions.
Je me suis demandé pour qui ces 5 personnages jouent. A bien y réfléchir après plusieurs lectures, je crois qu’ils jouent pour eux, dans une sorte de volonté pathétque de continuer à exister. Peut-être que je me trompe. 
Un texte très bien écrit, une pièce interesssante avec des personnages attachants à la vie exceptionnelle, pas facile à mettre en scène parce que Laurent Vallerbe, comme Samuel Beckett avant lui, a inscrit sa propre vision. De plus, à personnages exceptionnels il faut des acteurs exceptionnels (c’est mon point de vue de metteur en scène). Cependant c'est un défit qui mérite d'être relevé.

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