La phrase du jour

“"Si le théâtre oublie le monde, le monde finira pas oublier le théâtre". Bertolt Brecht



lundi 2 septembre 2013

Impressions impressionistes sur le Festival country de Salindres raconté aux curieux


Dans le Gard, au cours de l’été, les communes organisent des festivals. Et « de par chez nous », la musique Country compte des adeptes. Alors, ici et là des Festivals sont consacrés à ce genre musical souvent mélangé au Rockabilly (Rock’n’roll blanc).

L’homme qui partage ma vie apprécie cette musique venue de l’Ouest. Je l’accompagne volontiers car il y a non seulement à entendre mais aussi à voir pour ceux qui comme moi aiment pratiquer à peu de frais l’ethnologie près de chez eux.

Un festival Country ouvre et referme une parenthèse dans l’espace et dans l’époque. On se trouve propulsé dans un microcosme, un monde à part qui pourrait se situer aussi bien au Texas, qu’en banlieue parisienne.

Le lieu où la scène est installée peut-être un grand terrain ombragé et herbeux où le camping sauvage est toléré le temps du festival, ou les abords d’un stade en zone péri urbaine… voire en zone péri rurale. (Rien à voir avec les Raves Parties)

            Le ton est donné dès le parking. Gros cubes, dans le genre road movies, peaux de buffle sur la malle, combi WW antédiluvien avec auto collants « nucléaire non merci », vieilles bagnoles américaines 7 mètres de long, fausses plaques California, Chevrolet à ailerons, décapotables rose bonbon, Pick-up Ford. Rien qui consomme moins de 30L/100 !

            A l’entrée, le barnum de la buvette, bière, bière, bière. Tables en bois, bancs itou. Gras, gras, gras because les frites. Accoudés au comptoir, les conducteurs des gros cubes, cuirs, débardeurs noirs, aigle sur le dos, chaînes pendant de la ceinture, tatoués de haut en bas pour la plupart. Les plus sobres en décoration corporelle arborent un seul dessin vert et rouge sur le biceps, le poignet ou le haut du cou. Je ne suis pas allée au delà du visible. Au détour d’une allée, on croise un sosie d’Elvis, banane gominée en avant, chemise largement ouverte sur une poitrine bronzée et velue, chaîne de cou en imitation or massif.

            La manifestation est sponsorisée par des vendeurs de vêtements folkloriques qui exposent leur attirail. Robes évasées années ’50-60 (synthétique), jupons gonflants, boléros ajustés, corsages au décolleté lacé. Côté pompes, des bottes à bout rond en peau, pour les indiens ;  pointues en cuir pour les cow-boys.
Des odeurs mélées. Baraques de friture, stands de glaces dites à l’italienne, stand de crêpes et de galettes, chariot pour la barbe à papa, car l’ambiance est bon enfant et les gamins nombreux. Pas aussi nombreux que les clébards, mais quand même en nombre suffisant pour assurer la pérennité des retraites s’ils trouvent tous du boulot. Sans oublier des stands de gadjets US, bannières étoilées, boucles de ceinturon…

            L’ethnologue remarque immédiatement que la population se divise en différentes catégories, plus ou moins en rapport avec la manifestation. Les gens vêtus normalement comme on l’est ici en été et ceux qui sont « déguisés » (mais peut-être sont-ils toujours vetus ainsi). Je ne reparle pas des motards qui entrent dans une catégorie bien repertoriée. La variété des styles est une curiosité. Cela va du cow-boy arnaché pour le rodéo (avec cache-poussière en daim sur le jean) à la squaw (nattes plumeuses, jupe à franges) qui pas rancunière ou oublieuse de l’Histoire de la Conquête de l’Oeust, embrasse et danse avec son oppresseur d’hier.

La déco sur les tee-shirts est amusante à déchiffrer : La Meute, L’Apache, BMW, Ricky Nelson for ever… je n’ai pas tout noté.
            Avec une heure et demie de retard les musiciens en costumes de tergal beige ou bleu électrique, avec des notes de musiques brodées sur les manches, très sixties, se produisent. Musique excellente, bon chanteur, répertoire ad hoc beaucoup de Johnny Cash. Devant la scène, un plancher pour d’éventuels danseurs. L’occasion pour les stagiaires des ateliers de danse country du coin de se montrer.
J’imaginais que la line dance était l’exercice collectif par excellence. Eh bien, après une après-midi d’observation, je crois que chacun fait à peu près ce qu’il veut. Chacun(e) étant persuadé de détenir la vérité en matière de pas, il n’y a pas vraiment d’autorité qui s’impose et certains vont en avant, d’autres en arrière. Il y a ceux qui dansent en ligne (enfin presque), ceux qui dansent la même chose en couple, ceux qui dansent seuls sans s’occuper des voisins. Les chorégraphies ne varient guère, mais les tenues sont amusantes, chapeau turquoise, beige ou blanc, type « Mon ranch perdu dans la vallée », pour le haut ça va du débardeur à paillettes à la guêpière de meneuse de revue pour saloon de la ruée vers l’or. En bas, jupe mini en cuir, en jean, à volants choux à la crème, pantalons de jeans et sacoches  sur les hanches, pendues au ceinturon. Des bottes au bout renforcé métal et très pointu. Quelques messieurs ayant passé « un certain âge » se mêlent aux danseuses avec plus ou moins de bonheur dans le respect du rythme et de la chorégraphie.
Quand au gabarit, il va de la cachectique à l’obèse en passant par des dames bien conservées et agréables à voir danser. D’où j’en conclu que la danse country ne fait pas maigrir mais que les clubs de country ne sélectionnent pas leurs membres selon les critères (idiots) d’Abercombie et Fitch. L'âge moyen est la cinquantaine bien sonnée. Le plaisir qu’ils prennent à danser est communicatif et finalement on ne s’ennuie pas à les regarder. Un bon moment qui alimente la rubrique Impressions impressionnistes. 

Et comme dit la chanson: "Quand la musique est bonne…"





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