La phrase du jour

“"Si le théâtre oublie le monde, le monde finira pas oublier le théâtre". Bertolt Brecht



mercredi 20 février 2013

Mes lectures du moment

Bagdad zone rouge 
de Anne Nivat édition Fayard (2012)


Extrait: "Rouler! Rouler dans Bagdad, indéfiniment, sans vraie raison, si ce n'est que tu veux voir, voir ce qui se passe, même s'il ne se passe rien de sensationnel. Tu ne te lasses pas de regarder à quoi ressemble une ville morte, figée dans la peur, une ville où personne n'est censé se promener. Rouler dans cette ville, c'est se laisser aller à l'envoûtement du spectacle qui défile devant tes yeux, comme au cinéma. Sauf que tu es à Bagdad-la-mystérieuse, Bagdad-la-maudite, Bagdad l'oubliée. Rouler à défaut de pouvoir faire autre chose, rouler pour se convaincre qu'on existe, que la ville n'est pas un mirage, qu'elle fonctionne cahin-caha et que tu en témoigneras. Rouler, ici, c'est comme prendre un tranquillisant, ou un excitant, ou peut-être bien les deux, ça dépend. Car rouler c'est se perdre, et c'est aussi se laisser aller à franchir courageusement d'invisibles frontières "

Mon Avis: J'ai lu ce bouquin dans le cadre de la documentation que je consulte pour l'écriture de mon prochain roman. C'est le témoignage d'une journaliste française qui ne s'est pas installée confortablement en zone verte (la zone internationale tenue par les Américains). Elle est hébergé par une famille ruinée de Bagdad et vit avec eux, leur vie au quotidien.  Grâce à son chauffeur, Ali, elle a pu obtenir des contacts avec la population. Elle a recueilli ces témoignages individuels auprès de médecins, d'artistes, de restaurateurs, des veuves, des jeunes filles, des Chiites, des Sunnites, des Kurdes, des Turcomans, un diplomate australien en poste... Nous avons donc une mosaïque d'opinions sur la situation plus que complexe et explosive de l'Irak. On a bien du mal à comprendre les tenants et les aboutissants, car ça dépasse les irakiens eux-mêmes. Elle a fait plusieurs séjours et dans ce récit elle mêle un peu les périodes. Cela rend le tout un peu confus, embrouillé par ses propres impressions contradictoires. Ce n'est ni un roman, ni un reportage, c'est un récit écrit à la deuxième personne, ce qui  lui permet de créer une petite distance entre le récit personnel et la relation pour autrui. Instructif, cependant il ne faut pas espérer comprendre le conflit irakien à partir de ce livre. On en devine l'extrême complexité dans les contradictions des témoins. C'est un pataquès de conflits locaux tribaux et religieux, d'intérêts personnels et politiques, de milices plus fortes que la police irakienne mais plus efficaces à protéger la population de certains quartiers… Bagdad apparait comme la ville de tous les dangers que certains habitants courageux ne veulent pas abandonner. 

Biographie : "Dans les rues de Bagdad, le temps de survie d'un Occidental lâché sans protection est de 12 minutes", pouvait-on récemment entendre dans un reportage d'Envoyé spécial sur l'Irak. Anne Rivat est né en 1969. Elle est grand reporter et travaille pour "Le Point". Elle obtient le prix Albert Londres en 2000 pour son livre "Chienne de guerre,  une femme reporter en Tchéchénie." A deux reprises en 2007, et pour la quatrième fois en trois ans, Anne Nivat est restée plusieurs semaines dans Bagdad. Elle a choisi de vivre non protégée pour pratiquer au plus près son métier de reporter. Après la Tchétchénie et l'Afghanistan, la journaliste sillonne l'Irak décomposé, un seul souci en tête : faire parler ceux que l'on n'entend jamais. Ses livres sont tous Publiés chez Fayard


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