La phrase du jour

“"Si le théâtre oublie le monde, le monde finira pas oublier le théâtre". Bertolt Brecht



dimanche 26 mai 2013

Mes lectures du moment


La société des jeunes pianistes 
de Ketil Björnstad,

éditions Lattès (2006)


Résumé : Le titre fait référence au  nom adopté par un groupe d'adolescents à l’aube des années ’70 à Oslo. Ils sont à la fois amis et rivaux, et ont en commun l'amour de la musique. ils préparent le concours du " Jeune Maestro ". Tous vont subir une terrible pression de leur entourage, mais surtout d'eux-mêmes... Baigné depuis l’enfance par sa mère dingue de musique classique, le jeune Askel abandonne ses études après la noyade de celle-ci, pour se consacrer entièrement au piano et devenir un soliste virtuose. Il est amoureux  de Anja Skoog, jeune fille étrange, prodige du  piano, élevée sous l’emprise maléfique de son père un neurochirurgien de renom. Gravitant autour des personnages principaux une foule d’autres personnages tous consistants qui apportent leurs pierres à l’édifice de ce magnifique roman.

Extrait : Je joue pour elle (Note: il parle de son professeur). Des pièces simples. La fille aux cheveux de lin, la cathédrale engloutie. Elle vient toujours vers moi par l'arrière. Je m'attends à sentir ses mains sur mes épaules, son souffle dans mon oreille, ses phrases lumineuses qu'elle me sussure, d'une évidence si confondante que je n'y aurait jamais pensé. Elle désire toujours que je joue plus lentement. Plus c'est lent, plus j'ai le temps.
- Laisse ces quintes résonner, Askel. Tu entends ce qui est englouti ? Les échos lointains ? Les sons issus d'un autre temps, d'existences déjà vécues, d'un passé avant que surviennent les choses. Est-ce la cathédrale, est-ce ta mère ? Est-ce Anja Skoog ?


 La Cathédrale engloutie  de Debussy


Mon avis : Ce livre  fluide et tumultueux, traduit du norvégien coule comme la rivière qui hante son jeune héros. Une écriture riche, pleines d’images qui loin de nous imposer des visions, nous les suggèrent pour mieux nous mettre à même de les faire vivre dans notre imaginaire. La musique est omniprésente. Je conseille aux lecteurs mélomanes de rechercher les morceaux dont il est question, et une fois le roman terminé de les écouter en se laissant emporter par la musique comme ces jeunes pianistes. C'est une expérience grisante car on ressent les mots de l'auteur sur les notes. La peinture de Munch est là aussi en contrepoint.
La Société des Jeunes Pianistes est un roman initiatique, triste et beau qui évoque le désir, l’amour, la vie, la mort. Il ressemble en cela à Kafka sur le rivage de Murakami.
Il démontre la difficulté à se projetter dans l’âge adulte, à vivre ses premiers émois amoureux, les tourments qui les accompagnent, à se séparer de sa famille, à rencontrer des maîtres et à savoir s’en affranchir.
J’ai adoré et je compte lire prochainement, la suite « L’appel de la rivière ».

Biographie : Né à Oslo en 1952, Ketil Bjørnstad, qui est à la fois auteur, compositeur et musicien, a été découvert à l’âge de quatorze ans quand a remporté le Grand Concours des Jeunes Pianistes à Oslo. Sa trilogie consacrée au personnage d’Aksel Vinding, saluée par la critique, connaît un vif succès en Europe.






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