La phrase du jour

“"Si le théâtre oublie le monde, le monde finira pas oublier le théâtre". Bertolt Brecht



jeudi 14 mars 2013

Coup de chapeau à...





Que la noce commence, Spectacle de Didier Bezace

Présentée au Cratère d’Alès, Mercredi 13, Jeudi 14 et vendredi 15 mars 2013


A partir du film Nunta muta (Au diable Staline, vive les mariés de Horatiu Malaele, 2008. )


Un moment fort dans la saison théâtrale d’Alès.

Dix-huit comédiens sur le plateau qui jouent dans un style burlesque, un texte plein d’humour, avec un rapport au public qui ne dément pas celui de la Commedia dell’arte des origines. 
Le rire mieux que tous les discours nous invite à réfléchir sur le face-à-face brutal entre deux conceptions de la société :
- le choix rablaisien de la vie, avec ce qu’elle comporte de primitif (bouffer, se saoûler, baiser, s’engueuler, rêver, laisser l’utopie surgir…)
- le dogme rigide, glacé, la posture du pouvoir inflexible qui impose le silence au peuple.

 Ce silence le tue aussi sûrement que la transgression du silence.

Tout d'abord incrédules, ces villageois s’inclinent, tentent de s’accomoder de ce qui leur est imposé, ils font des efforts pour vivre ce qui est invivable (en l'occurence, un mariage mutique), mais soudain la coupe est pleine et elle déborde. Alors, ils entrent en résistance
 à l’oppression au péril de leur vie, dans un jubilatoire « Advienne que pourra, qui vivra verra ».

Du silence qu’on avait exigé d’eux et qu'ils avaient tenté d'appliquer nait un murmure qui s’amplifie, les bruits montent, la danse du désordre s’accèlère jusqu’au dénouement que l’on sait inéluctable, parce que cette histoire est datée dans l’Histoire et que nous en connnaissons déjà la fin.
Dans cette pièce la résistance n’est pas théorisée, elle advient tout simplement, c'est la VIE.

Adaptée d’une œuvre cinématographique presque sans dialogue, réécrite pour le plateau, cette pièce garde malgré tout un découpage cinématographique. On commence par la fin, puis flash back et on boucle.
Le jeu burlesque des acteurs dans des corporelles à la Buster Keaton influence aussi cette perception.
Mais le théâtre et le cinéma procèdent différenmment. Au cinéma, on a des plans de coupe au théâtre tout se déroule en un plan global. Là où le cinéma fragmente le théâtre réunit, et la place du spectateur - son « point de vue » - s’en trouve modifié. Dans sa simplicité, le théâtre laisse au texte la meilleure part dans une transfiguration lyrique des choses et des situations. 

Un peu d'histoire

Le 1er juillet 1997, Didier Bezace devient le nouveau directeur du Théâtre de la Commune d'Aubervilliers, théâtre entre tous cher à mon cœur (cf : ma page un passé pas si simple) .
L’histoire de Didier Bezace est liée à celle du Théâtre de l'Aquarium qu’il quitte après y être resté pendant plus de 25 ans. La compagnie qu'il a contribué à fonder avec Jean-Louis Benoît et bien d'autres, s'installa au début des années 70 à la Cartoucherie de Vincennes où il mena un travail entre recherche et répertoire, faisant découvrir des auteurs et des textes peu connus. J’ai encore en mémoire la saisissante Version de Browning de Terrence Rattigan qui reçue le Molière de la meilleure mise en scène en 2005, jouée dans la petite salle au TCA.

Didier Bezace, un metteur en scène qui aime « la Noce »!

Je me souviens que Didier Bezace est arrivé au TCA avec une noce dans ses bagages, celle de Brecht, « La noce chez les petits bourgeois suivie de Grand ‘Peur et misère du IIIème Reich » qu’il reprendra en 2002, laissant subtilement apparaître l’écho que ces deux textes (rarement mis bout à bout)  se renvoient quand une même famille de personnages les traversent au cours de deux périodes troubles de l’Histoire Allemande.
Ainsi, en 2013, Didier Bezace conclut son parcours au TCA par cette fabuleuse « Que la Noce commence », texte et dialogues de Jean-Louis Benoît, Didier Bezace, Adrian Lustig et Hoartiu Malaele, dans une scénographie simple et efficace de Jean Haas.

Pour ceux qui ne l’ont pas vue hier, il reste encore ce soir et demain à Alès. Allez-y sans hésitation. 
et aussi :
Du jeu. 21/03/13 au ven. 22/03/13 à Châlon  sur   Saône
Du mar. 26/03/13 au ven. 29/03/13 à Saint-Etienne

Voir un extrait du film

Voir une vidéo de la pièce 

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